l' affaire Dreyfus.......
Une écriture lumineuse pour exprimer que la nation ne se construit ni sur le refoulé, ni sur le déni des parts de vérités, des parts de mémoire de ses habitants. J' ajoute, localement pour ce qui est de Roubaix, encore moins sur l' arrogance d' une conception esthétique autiste au service d' un marketing territorial, au motif d' une prétendue
" bonne affaire".
Alors pourquoi pas une conférence de B.H.L sur le projet BOUCHARD pendant la campagne des municipales ? Chiche ?
"............Quels sont les événements que l’on a en tête lorsque l’on s’obstine, comme moi, à se réclamer de ce grand cadavre qu’était déjà la gauche du temps de Sartre et de Nizan et dont le moins que l’on puisse dire est qu’il na pas ressuscité depuis ?
Le premier c’est Vichy, ce sinistre cauchemar dont il est clair, là encore, que la France peine à se réveiller. Dès le lendemain de l’événement, il s’est élevé des voix pour dire que, oui, il fallait comprendre, excuser, pardonner, laisser les morts enterrer les morts et ne plus laisser les Français s’opposer et se haïr.. Je pense le contraire. Je pense que les crimes dont Vichy prit l’initiative sont des crimes sans excuse. Je pense que la seule façon de s’en libérer est, non de les oublier, mais de les garder vivants dans sa mémoire. Et je pense surtout (là est le clivage majeur) que Vichy ne fut pas juste un autre nom pour le vieux conservatisme français, ou pour un autoritarisme vaguement musclé, ou pour un égarement du nationalisme, mais que ce fut, proprement, un fascisme.
Le second, c’est la guerre d’Algérie. Là aussi, je crois que l’on est face à un débat sur lequel, sans être manichéen, il n’est pas possible de transiger. Voilà une aventure commencée dans l’horreur des crimes de masse commis par les colonnes infernales de Bugeaud et qui se conclut à la villa Susini ou ailleurs, dans les hurlements des torturés des généraux Aussaresses et Massu….Je me refuse, cette aventure, à la qualifier d’œuvre de civilisation. Je trouve obscène, face à ce désastre, de parler de rôle positif. Et je suis partisan, là encore, non pas, certes, d’un ressassement du crime, mais d’une mémoire construire, instruite, organisée. J’appelle la gauche le parti de ceux qui croient que le colonialisme, la soumission d’un peuple à la loi d’un autre peuple , est un crime, lui aussi inexpiable............"
................S' il en fallait une dernière preuve, elle était là : être de gauche, dans la France de ce début de XXIè siècle, considérer que cette affaire de droite et de gauche ne s' est pas vidée de sens, c' est ne céder ni sur Vichy, ni sur les crimes du colonialisme, ni sur Mai 68, ni sur, naturellement, l' héritage du dreyfusisme............
( " Ce grand cadavre à la renverse ", Bernard Henry Levy, Editions Grasset )