3 novembre 2007
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Vous pouvez découvrir ci desssous des extraits d' un article de Libération qui présente un film documentaire tourné dans un quartier lyonnais «La gloire de nos pères».
Il retrace l’itinéraire d’une dizaine de pères et veut recueillir la mémoire de ces hommes discrets, ces «ombres sans écart», selon le mot de Daniel Pelligra, anthropologue et cinéaste, qui a recueilli ces récits d'exil, et ces tranches de vies immigrées.
«On voulait faire voir à nos enfants pourquoi on est venu en France et la souffrance qu’il y a eu», résume Abdelhafid Baddredine (64 ans), vice-président de l’association des pères retraités de Mermoz. Sa fille, Dounia (16 ans) est allée voir le film plusieurs fois. Elle a eu l’impression de découvrir son père. «Nous ne parlons pas beaucoup de notre passé à nos enfants», dit-il. Fils d’un petit commerçant algérien, Abdelhafid raconte dans le film qu'il était fils de petits commerçants algériens qui se déplaçaient beaucoup. Des amis immigrés lui avait vanté la France, pays «où l'on s’amuse bien, où il y a du travail, des jeunes filles, la liberté et tout» Il y est venu à 16 ans. Il pensait qu'il y aurait «des femmes et des patrons» à l'arrivée du bateau.................
Les pères parlent assez peu du départ lui-même. Abdelhafid raconte seulement la traversée vers Marseille, sur une chaise pliante, dans une cale pleine. Puis le train pour Lyon et la gare Perrache, où il a demandé un quartier dans lequel il pourrait «trouver des Arabes». En deux jours, quelqu'un lui a trouvé un matelas, puis un travail. Il décrit cette première journée sur un chantier pour Pitance, vieille maison lyonnaise. La pelle qui rebondissait sur le sol...........
Il retrace l’itinéraire d’une dizaine de pères et veut recueillir la mémoire de ces hommes discrets, ces «ombres sans écart», selon le mot de Daniel Pelligra, anthropologue et cinéaste, qui a recueilli ces récits d'exil, et ces tranches de vies immigrées.
«On voulait faire voir à nos enfants pourquoi on est venu en France et la souffrance qu’il y a eu», résume Abdelhafid Baddredine (64 ans), vice-président de l’association des pères retraités de Mermoz. Sa fille, Dounia (16 ans) est allée voir le film plusieurs fois. Elle a eu l’impression de découvrir son père. «Nous ne parlons pas beaucoup de notre passé à nos enfants», dit-il. Fils d’un petit commerçant algérien, Abdelhafid raconte dans le film qu'il était fils de petits commerçants algériens qui se déplaçaient beaucoup. Des amis immigrés lui avait vanté la France, pays «où l'on s’amuse bien, où il y a du travail, des jeunes filles, la liberté et tout» Il y est venu à 16 ans. Il pensait qu'il y aurait «des femmes et des patrons» à l'arrivée du bateau.................
Les pères parlent assez peu du départ lui-même. Abdelhafid raconte seulement la traversée vers Marseille, sur une chaise pliante, dans une cale pleine. Puis le train pour Lyon et la gare Perrache, où il a demandé un quartier dans lequel il pourrait «trouver des Arabes». En deux jours, quelqu'un lui a trouvé un matelas, puis un travail. Il décrit cette première journée sur un chantier pour Pitance, vieille maison lyonnaise. La pelle qui rebondissait sur le sol...........
Abdallah Lounisi parle de ce pays où il est resté. Il le trouve «formidable». D'une voix égale, il ajoute qu'il a trouvé en France «la stabilité, la justice», mais «pas beaucoup d'égalité». Tous ont trouvé en quelques jours de quoi gagner leur vie, dans les chantiers, la fonderie, etc. «On travaillait à l’époque des soixante-dix heures par semaine», raconte Saïd, cousin d'Abdallah, né en 1939 dans les Aurès, arrivé comme beaucoup avec une carte marquée «indigène».
Ces nouveaux venus, ont vécu le temps des garnis, des gourbis entre Rhône et Saône. Ils en parlent assez peu dans le film, ne se plaignent guère. «Il aurait fallu des heures, sourit Hamza, qui se souvient «des caves à dix dans une pièce, des cabanons à Gerland, sans chauffage ni lumière, avec l’eau qu’on allait chercher dans le Rhône.» Abdelhamid a une autre explication. «Nous les vieux, on a peur, dit-il vers la fin du film. On est des poules mouillées, les vieux. On a été élevés par le colonialisme, ça fait qu'on a peur de la police, de çi, de ça.»
Saïd Lounisi est un autre personnage fort du film. Berbère, il ne parlait que français et Chaouïa en arrivant en France. Les foyers et le repli entre soi lui ont appris l’arabe en France. Puis il s'est syndiqué, et s'est retrouvé seul Algérien dans une entreprise. «C'est une chance qui fait que je me suis complètement intégré», dit-il. Ses huit enfants vivent en Algérie, où ils sont gynécologue, ingénieur, inspecteur du travail, etc. «Je n’ai pas eu la chance de faire d’études,dit le père. Mais je me suis fait un but, c’est d’éduquer les enfants. Sans éducation, on n’est rien.»..............
Dans l’ancienne chaufferie où les pères jouent aux dominos, au cœur du quartier Mermoz, Hamza Khatra regarde ses mains lorsqu'il parle de ses enfants, et de tout ce qu'il ne leur avait pas raconté. «Normalement, à 10 ou 12 ans, tu devrais leur raconter ton passé, d’où tu viens. Mais nous, c’est resté prisonnier dans nos cœurs. On partait à 5h, on rentrait tard, épuisés. C’était rare qu’on mange ensemble. Maintenant, on voudrait s’excuser, leur expliquer qu’on était trop occupés à les faire manger. On voit nos défauts, mais comment réparer ?» Un deuxième projet a été lancé par l’association, avec l’aide du centre social. Un nouveau documentaire, qui cette fois mettrait en scène des pères et leurs fils