Voici une copie des questions adressées aux chefs de
file des différents groupes du conseil municipal.
Comme vous le savez peut-être, la Voix du Nord publie actuellement le bilan
des maires du Nord Pas de Calais avant les élections du mois de mars.
Ces bilans sont bâtis à partir des constats des journalistes, des témoignages des
maires concernés et de leurs opposants ou partenaires (les frontières entre
l'un et l'autre pouvant évoluer, comme vous le savez). Afin de vous donner
suffisamment de place pour vous exprimer, j'ai souhaité vous proposer un
groupage de huit questions qui, je l'espère, vous permettront d'exprimer le
fond de votre pensée ou de celle de votre groupe au sujet des sept dernières
années à Roubaix.
Je vous remercie de restreindre chaque réponse à une douzaine de lignes
Olivier Hennion Rédacteur en Chef Voix du Nord Roubaix.
Vous trouverez ci dessous l 'intégralité de mes réponses aux huit questions
posées qui seront certainement publiées ce Vendredi 28 Décembre.
Slimane TIR
Estimez-vous que depuis 2001, la ville de Roubaix a suffisamment
agi dans le domaine de l'emploi (cf. Maison de l'Emploi,
mission locale, ruches, etc...)?
Le taux de chômage reste très élevé. Le chômage réel dans les quartiers avoisine les 40%. Le développement économique de l'agglomération est pourtant prospère, mais ne bénéficie qu'à la marge aux roubaisiens(nes ) qui cumulent précarité et discrimination à l'embauche.
Notre ville, à cause du chômage exceptionnel qu'elle subit doit être beaucoup plus volontariste. La Maison de l' initiative et de l'Emploi, idée des Verts, portée par Paul Destailleur, ne suffit pas si des moyens importants pour accompagner demandeurs
d' emplois et entreprises ne sont pas mobilisés,
Les sommes considérables mises sur le dispositif Zone Franche méritent plus d'évaluation en terme de création nette d'emplois.
Qui se souvient du nom de l' Adjointe aux Affaires Economiques, aux abonnés absents depuis le début du mandat ?
Le tragique paradoxe de Roubaix est d' avoir encore plus d' emplois qu' en 2001 et toujours beaucoup trop de chômage.
Comment jugez-vous la politique culturelle roubaisienne?
C'est une politique de grands équipements très budgétivores, qui ne laisse que peu de place au développement culturel, à la diversité des talents et des projets pour s' exprimer.
La politique culturelle sert plus un marketing territorial qu' un projet construit pour aider les roubaisiens à mieux vivre ensemble, à se connaître, à se rassembler. Le magnifique succès du Musée « La Piscine « ne doit pas nous griser.
J' ai souhaité, comme convenu au début du mandat, des Assises de la Culture afin que soient débattues les projets, définies les priorités et hiérarchisées les décisions.
Elles ont été refusées par le maire, laissant les choix culturels aux mains d' un minuscule groupe au fonctionnement clanique.
Les choix faits en matière d'urbanisme vous semble-t-il judicieux?
Nous avons dû nous battre pour défendre un urbanisme qui anticipe la crise écologique. Denise Bouchez a « arraché » un premier « agenda 21 » , engagement modeste tant notre ville se doit d' être exemplaire.
Nous faisons le Roubaix du 21è siécle, celui de nos enfants et de nos petits enfants.La réhabilitation des 28 km du canal, avec une trame verte équivalente au triple du Parc Barbieux, la ligne rapide de bus ( à haut niveau de service ), le dossier du tri sélectif,
par exemple, n' auraient pû avancer sans notre ténacité.
Le virage écologique de notre ville doit être amplifié.Le plan de déplacement est encore trop axé sur la voiture,il manque de pistes cyclables, la haute qualité environnementale est embryonnaire dans les constructions communales.
Je déplore que notre ville ait autant cédé aux sirènes de la spéculation immobilière, laissant acheter des terrains très bien situés, parfois pour de mauvais projets, pour faire construire des centaines de logements inaccessibles aux revenus de nos concitoyens.
La municipalité sortante vous semble-t-elle avoir bien géré
les finances de la Ville?
Nos finances ont été gérées en « bon père de famille ». Nous avons décrété la pause fiscale en 2004. Mais nous sommes confrontés à une obligation désormais urgente de choix.
La Dotation de Solidarité Urbaine est la seule vraie ressource fiscale qui augmente..Elle est passée en peu d' années de 4 à 22,1 millions d' Euros ( 76% de la taxe foncière et d' habitation réunies ).
Ses critères d' attribution sont sociaux ( chômage, précarité, discriminations...).
Je considère que les élus roubaisiens doivent arrêter de mépriser les questions sociales, s' astreindre à une obligation de moyens, de services publics, de résultats et de respect en direction de ceux et celles qui souffrent et attendent beaucoup des décisions que doit prendre la municipalité avec ce transfert fiscal de l' Etat.
Les actions menées depuis sept ans en matière de sécurité
vous semblent-elles suffisantes?
Le développement de la police municipale n' est pas une solution pour une politique de sécurité. N. SARKOZY a choisi une orientation répressive qui se traduit par l' abandon de la police de proximité, des commissariats de quartier inaugurés mais vides d' effectifs, une méfiance dangereuse de la jeunesse.
J' ai été, comme beaucoup profondément blessé de lire, dans un grand quotidien national, qu'on trouvait « plus facilement une arme qu' un stage « dans notre ville.
Nous avons besoin d' une police républicaine efficace comme d' une politique de prévention, d'éducation spécialisée, de médiation, plus que jamais nécessaire, pour redonner de l' espoir.
Roubaix met en avant son métissage à chaque occasion,
est-ce judicieux? Souhaitez-vous une approche différente
de l'identité roubaisiennne?
Roubaix est une ville d'immigration et de métissage. C'est l'identité réelle que refusent toujours d' admettre certainesforces politiques. La communication et le marketing en font un usage certainement abusif.
Je constate deux dérives : une folklorique qui renvoie toujours les personnes à leurs supposés cultures et pays d'origines ; la seconde faussement universaliste qui nie les appartenances, les histoires particulières, les mémoires collectives.
Pour moi, la municipalité doit oeuvrer pour que l'histoire de chaque groupe trouve sa place dans une histoire et un projet commun.
Pensez-vous que la ville de Roubaix a renforcé ses positions
au sein de la Communauté urbaine ou au contraire sort
affaiblie de ce mandat?
Roubaix reste un des territoires pauvres de la Communauté urbaine et n'est pas suffisamment reconnu comme tel. La Ville doit être beaucoup plus pugnace à l'échelon communautaire pour obtenir ce à quoi notre population a droit. Le déséquilibre continue de s'accroître entre un versant lillois et villeneuvois et la partie nord de la métropole. Euralille, Eura technologie, Eura santé, la Haute Borne sont sorties de terre et l'Union est toujours en friche.
Roubaix sera la dernière ville de la Métropole à recevoirle tri sélectif.
Ce mandat n' a été seulement celui de la rétrogradation du maire de la 1ère à la 4ème Vice-Présidence – ce qui finalement n' intéresse personne - mais celui de l' affaiblissement de notre ville à la Communauté Urbaine. Triste quand on est la 2ème ville de la Région!!!!!
Quel est, de votre point de vue, le plus gros échec ou le
plus grand succés de la majorité sortante?
Notre ville est plus attractive.Le centre, encore fragile, revit. Nous avons crée Vivacitépour améliorer la vie quotidienne dans les quartiers, le plan Ecoles continue.
Grâce à Tounès Rahim, on a vu naître un véritable service public de loisirs pour les enfants et les jeunes.
Le plus grand échec est la carence d' animation politique du Maire, qui porte une lourde responsabilité. A un début de mandat correct a succédé une dérive autoritaire aux dépens du nécessaire débat sur les orientations, indispensable à la cohésion et au rassemblement d' une coalition écologiste et de gauche.
Une ville ne peut pas se construire sur les préjugés idéologiques d' un seul homme.
Slimane TIR
le 25 Décembre 2007