« Ville monde » de 100 000 habitants, Roubaix s’est construite grâce à une industrie textile qui avait besoin de beaucoup de main d’œuvre et a fait appel pour son développement à différentes immigration successives, notamment du pourtour méditerranéen (Italie, Portugal, Algérie, Maroc, Turquie), mais aussi d’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Asie du Sud-Est. Cette particularité n’a pas l’objet d’une politique spécifique de relations internationales avant 2001.
Les jumelages noués avec des villes européennes sur des critères liés aux activités économiques (textile) ont peu à peu été délaissés ; les relations internationales relevaient du service municipal « fêtes et animations » et d’un élu en charge des « jumelages » : cette organisation interne reflète les fonctions qui étaient dévolues à l’international.
En 2002, les élues à la coopération internationale ont présenté une délibération-cadre permettant d'engager un programme de développement des échanges internationaux et de la coopération décentralisée. Il s’agissait de préciser que cette politique comporte de nombreux enjeux, notamment dans les domaines de la solidarité internationale, du développement durable et pour une approche citoyenne de la mondialisation, constituant une véritable opportunité en matière d'éducation au développement en particulier pour la jeunesse roubaisienne.
Il a été décidé de développer des partenariats avec les régions du monde d’où sont originaires de nombreux Roubaisiens d’aujourd’hui, en s’appuyant sur les projets associatifs.
Les grandes orientations se déclinent ainsi : aide aux projets des acteurs locaux de la coopération, redynamisation des jumelages existants, engagement de coopérations avec l’Algérie, la Palestine et la Pologne, soutien des projets en direction du Sénégal, participation de la Ville aux réseaux spécialisés.
Ce programme est mis en œuvre et prend de l’ampleur : la Ville coordonne une coopération entre trois collèges de Roubaix, Fès et Jérusalem-est ; elle entretient une coopération décentralisée avec la Ville de Bouira en Algérie (Accord de Coopération signé en 2003); Roubaix a aussi renoué les liens avec Sosnowiec (Pologne) et certaines villes jumelles.
Par ailleurs, la Ville accompagne techniquement et soutient parfois financièrement, des projets portés par les acteurs locaux, et elle sensibilise les Roubaisiens aux enjeux de la solidarité internationale (ouverture d’un centre de ressource et participation à la Semaine de la Solidarité internationale).
• les objectifs généraux et opérationnels de ces politiques
-
Répondre à la demande des habitants et des associations : un audit réalisé en 2001 avait démontré l’existence d’attentes quant au développement d’une coopération décentralisée, notamment avec l’Algérie et la Palestine.
-
Créer de nouveaux espaces de participation des habitants, et notamment les jeunes, en les associant à la définition et la mise en œuvre de projets internationaux.
-
Sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux de la mondialisation et de la solidarité internationale et encourager une culture de la coopération internationale basée sur le respect et le partenariat.
-
Encourager la mobilité internationale et l’ouverture à l’autre.
-
Associer le Conseil Jeunes à la politique de coopération et aux délégations.
Exemple : la coopération avec l’Algérie
Les inondations de Bab el Oued en 2001, puis le séisme de Boumerdès en 2003, ainsi que l’organisation, la même année, de l’Année de l’Algérie en France, ont été des occasions de démontrer toute la richesse des liens affectifs qui unissent l’Algérie à la France, et particulièrement à Roubaix.
Dès 2001, la ville a affirmé une volonté forte de s'appuyer sur les réseaux associatifs déjà existants pour définir un projet commun de coopération avec l’Algérie. Il s'agissait pour Roubaix de s'engager auprès de ses partenaires locaux, de façon à valoriser leurs expériences, créer du lien et favoriser les échanges entre eux et avec les acteurs Algériens. C’est donc en s’appuyant sur des projets existants que la Ville de Roubaix a noué des liens avec la Ville de Bouira (la majorité des Roubaisiens d’origine algérienne sont originaires de la région de Bouira) ; un Accord de coopération a été signé par les deux Maires en 2003, prévoyant des échanges de compétences et d’expériences entre services municipaux et associations des deux villes dans différents domaines : gestion de la ville, environnement et cadre de vie, économie et insertion, gestion administrative, éducation, sports et culture…
Depuis, de nombreux projets ont été réalisés : chantiers de jeunes volontaires à Bouira, projets de coopération éducative et culturelle donnant lieu à des échanges de lycéens, séminaires de formations des élus et cadres de la collectivité, coopération entre pouponnières, échanges sportifs, projets dans le domaine environnemental…
La coopération avec l’Algérie à Roubaix bénéficie du dynamisme de ses habitants et d’associations qui constituent de véritables moteurs dans la définition et la mise en œuvre de projets, notamment dans les domaines de la jeunesse, de l’environnement et de la culture.
Outre la coopération avec Bouira, la Ville soutient les projets de coopération avec l’Algérie et a mis en place un collectif d’habitants et d’associations suite au séisme de Boumerdès afin de permettre à tous ceux qui le souhaitaient, de décider ensemble des actions à mener. Ce collectif a permis la reconstruction d’une école qui avait détruite par le tremblement de terre à Sidi Daoud
• les publics bénéficiaires.
-
Les établissements scolaires, dont les projets internationaux sont fortement soutenus par la Mairie
-
Les associations
-
Les jeunes, notamment à travers leur participation à des chantiers internationaux.
-
Les Roubaisiens qui s’associent aux projets, participent aux manifestations organisées, accueillent des jeunes étrangers…
-
Les partenaires étrangers des projets menés ou soutenus par la Ville
• les moyens mobilisés (budget, ressources humaines,...)
En moyenne depuis 2001, le budget utilisé est d’environ 80 000 euros par an. Le ministère des affaires étrangères, depuis 2001, a contribué aux projets à hauteur de 51 500 euros.
Ressources humaines : 1 chargée de mission.
• les processus de mise en œuvres (processus politique, processus administratif et relations avec les services, modalités de concertation,...)
En 2001, une conseillère municipale rattachée à l’Adjointe chargée « de la jeunesse, de l’égalité des droits et de la coopération internationale », a été désignée comme étant « déléguée aux échanges et à la coopération internationale ». L’intitulé des délégations reflète le changement de sens conféré aux relations internationales à Roubaix.
Un service « coopération internationale et programmes européens » a été mis en place.
Les élus du conseil municipal sont invités à chaque occasion : accueil de délégations, bilans de projets… ; ils sont également conviés à participer concrètement à cette politique, via leur participation à des commissions, ou à des délégations, ou dans l’accompagnement de partenaires étrangers à Roubaix.
Les habitants et les associations participent aussi concrètement aux projets (cf. ci-dessus).
• les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre (politiques, juridiques, résistances locales,...)
-
La coopération décentralisée est autorisée par la loi mais son utilité n’est pas toujours reconnue. La notion de respect de l’ « intérêt local » peut prêter à confusion ou être instrumentalisée.
-
La mise en œuvre de cette politique doit s’accommoder des aléas auxquels sont confrontés les partenaires étrangers : la maîtrise du temps n’est pas facile.
-
Des résistances locales existent comme dans toute politique, et peuvent être liées au choix des partenaires étrangers, au poids de l’Histoire, etc… ; néanmoins ces résistances sont minimes face à l’enthousiasme suscité généralement par cette politique.
• les changements observés grâce à ces mesures :
-Plusieurs dizaines de collégiens et lycéens ont participé aux projets de coopération avec la Palestine et le Maroc.
-Une dizaine de projets associatifs en lien avec l’international sont soutenus par la Ville chaque année.
-La Ville organise avec les acteurs locaux, depuis 3 ans, la Semaine de la Solidarité Internationale.