Par Slimane Tir, Vice-Président de Lille Métropole Communauté Urbaine, en charge de l’Espace Naturel Métropolitain
Avec moins de 12m² d’espaces verts publics par habitant, la métropole lilloise était l’une des moins verte de France. Les quelques espaces verts existants ne sont pas ou mal reliés entre eux.
La situation antérieure est le résultat de l’étalement urbain et de l’inertie opérationnelle, plus que d’une « politique », et s’explique notamment par l’insuffisance de volonté intercommunale, la faiblesse des moyens financiers, l’absence de synergie entre les opérateurs agissant sur le terrain.
En 2001, tout est à faire !
Lille Métropole élabore avec le Département, la Région et l’Etat une stratégie globale : la « Trame métropolitaine verte et bleue », véritable réseau maillé d’espaces naturels, verts et récréatifs, qui affiche une ambition forte en se fixant l’objectif, dans le Schéma Directeur de Développement et d’Urbanisme, de 10 000 hectares voués à la nature et aux loisirs à l’horizon 2015.
En 2002, la Communauté urbaine s’engage résolument dans cet objectif.
C’est donc sur l’impulsion du Vice-Président Vert Slimane Tir que cette politique est définie, précisée, et qu’elle est mise en œuvre :
-
prise de compétence Espace Naturel Métropolitain par Lille Métropole Communauté urbaine
-
création d’un syndicat métropolitain
-
mise en œuvre opérationnelle
-
mise en place d’un dispositif de concertation par territoire et central
• les objectifs généraux et opérationnels de ces politiques
Les objectifs de la trame verte et bleue :
-
répondre aux besoins de nature et d’espaces de proximité en proposant un réseau d’espaces variés
-
augmenter la place de la forêt
-
améliorer la qualité paysagère
-
maintenir ou réaliser des continuités écologiques et paysagères entre les espaces naturels tout en favorisant les modes de déplacements doux
-
protéger, gérer et restaurer les sites naturels à haute valeur écologique et créer des corridors biologiques afin de renforcer la richesse faunistique et floristique.
Permettre le retour de la nature en ville :
Il s’agit de réaliser une couronne verte de parcs périurbains, avec des axes de liaison écologique et de déplacements (rivières, canaux). En empruntant les anciennes voies ferrée, des chemins ruraux et des chemins de halage, un « réseau vert » devra relier les parcs urbains et les espaces naturels, renforçant encore la trame écologique, l’usage des modes de déplacements doux et le lien entre la ville et la campagne (110 kms de chemins de halage, 250 kms de voies vertes en projet).
Dans chaque territoire, de nouveaux projets voient le jour et viennent contribuer au développement de cette politique.
Un exemple de projet : « Blue Links », la remise en navigation du canal de Roubaix
Cette friche fluviale constituant la liaison de la Deûle à l’Escaut, a échappé de justesse en 1989 à un projet de construire une voie rapide dans le lit du canal grâce à la mobilisation d’associations et de riverains qui avaient pris conscience des potentialités du site et multiplié les initiatives pour redonner vie au canal.
Mais c’est dans le cadre de la politique d’Espace Naturel Métropolitain qu’un projet concret a pu voir le jour et obtenir les financements européens (INTERREG et FEDER) nécessaires à la restauration totale du canal.
Au-delà de l’intérêt environnemental du projet, il faut aussi souligner les intérêts sociaux et économiques puisque la requalification du canal, des ouvrages d’art, des passerelles et des berges revalorisera les quartiers populaires de 11 communes traversés par cette voie d’eau (450 000 habitants), et permettra d’envisager de nouvelles perspectives de développement touristiques ou récréatifs (fluvial ou de proximité).
L’intérêt du projet « Blue Links » a été de déclencher une réflexion globale autour de l’environnement du canal et d’apporter des solutions à des problèmes qui semblaient inextricables depuis des décennies comme le traitement de friches industrielles très polluées, ou la lutte contre les inondations.
Il s’articule par ailleurs avec d’autres politiques communautaires, notamment en matière d’assainissement puisque s’implantera dans ce secteur un ouvrage inédit d’épuration des eaux utilisant des procédés naturels de lagunage (à travers des îles filtrantes sur un espace de 15 hectares les eaux seront assainies pour restituer au canal une eau d’excellente qualité pour la pêche et les loisirs nautiques).
C’est également en bordure du canal que s’implantera dans une ancienne friche industrielle le futur centre de tri sélectif de Roubaix.
L’interconnexion entre toutes ces opérations fait du canal de Roubaix une véritable vitrine environnementale pour la communauté urbaine et montre au final comment produire une politique globale de renouvellement urbain, dans une perspective de développement durable, à partir d’un projet environnemental.
• les publics bénéficiaires.
1,2 Millions d’habitants de la métropole.
Plus spécifiquement, chacun des habitants concernés par les aménagements dans les différents territoires.
• les moyens mobilisés (budget, ressources humaines,...)
15 M€ moyen par an depuis le début du mandat
l’exemple de Blue Links, coût total du projet de remise en navigation du Canal de Roubaix : 38M€ dont 50% de fonds européens
ressources humaines : une direction ENM (4 ETP) au sein des services communautaires, assurant le suivi de la politique foncière, des procédures et des relations institutionnelles.
La gestion et l’animation des espaces sont assurées par un syndicat mixte (80 ETP).
• les processus de mise en œuvres (processus politique, processus administratif et relations avec les services, modalités de concertation,...)
Le syndicat mixte Espace Naturel Lille Métropole est créé en 2002 par la fusion de 7 syndicats intercommunaux. Il permet une gestion de proximité en concertation avec le milieu agricole, avec les communes, les associations locales, les riverains.
• les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre (politiques, juridiques, résistances locales,...)
- Obstacle juridique : les communautés urbaines n’ont pas de compétence en matière de droit de préemption au titre des espaces naturels, ce qui implique de devoir négocier avec d’autres institutions. Ce problème ne pourrait se régler qu’avec un changement au niveau législatif
- Autre obstacle : la segmentation des politiques entre ce qui relève des espaces naturels, de l’eau, de l’agriculture, etc… et qui freine souvent une approche globale et partagée du territoire.
- Résistances locales : ces résistances viennent souvent de conflits d’intérêt, de conflits d’usage ou de conflits d’affectation.
La politique c’est en permanence la gestion de ces conflits dans une perspective d’intérêt général.
• les changements observés grâce à ces mesures : (chiffres, statiques, études,..).
- 2500 hectares en gestion directe ou « labellisés »
- 2500 hectares en perspective de labellisation avant 2008
- succès de « Mosaïc », Jardin des Cultures
- Grand Prix du paysage 2006 pour le Parc de la Deûle
- Pavillon Bleu pour la base des Prés du Hem (3 années consécutives)
- 100 animations/évènements par an de sensibilisation
• les évaluations menées sur les politiques adoptées depuis 2001 :
Enquêtes de fréquentation
• deux à trois nouvelles mesures à proposer pour la prochaine mandature municipale.
Articuler un programme Nature d’agglomération avec des trames vertes communales, l’objectif étant que chaque habitant soit toujours à moins de 5 minutes d’un espace vert ou naturel.