15 janvier 2008
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24 décembre 2007 |
Journaliste au « Monde diplomatique », Serge Halimi fustige les connivences qui gangrènent l’indépendance de la presse. Et appelle le monde politique à sortir de son mutisme sur la question. L’information est en grand péril. La multiplication des canaux par lesquels elle est diffusée est, la plupart du temps, inversement proportionnelle à la diversité de ses messages et de ses sources. Une tendance renforcée par la concentration de la presse en mains de puissants oligopoles et les connivences toujours plus étroites des journalistes avec les pouvoirs économiques et politiques. Seul ou presque contre tous, Serge Halimi s’emploie depuis de longues années à attirer l’attention sur ce qu’il considère comme une menace pour la démocratie. De passage récemment à Genève à l’invitation des Amis du Monde diplomatique, le journaliste du mensuel français - pressenti pour en reprendre la direction, l’an prochain, après le départ d’Ignacio Ramonet- est venu expliquer les raisons comme les enjeux de son combat. Tout en admettant que ses analyses sont très centrées sur le cas français et qu’il connaît moins bien le paysage médiatique des pays voisins - particulièrement s’agissant de la Suisse - Serge Halimi considère comme « hautement pédagogiques » les dérives hexagonales. L’occasion de restituer ici quelques morceaux choisis de l’exposé de ce journaliste militant. Avec la conviction que nos lecteurs - s’agissant notamment du phénomène des gratuits ou de l’aide à la presse - trouveront dans ses propos quelques résonances aptes à franchir allègrement le Jura... Une famille si soudée... Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy fêtait son élection au Fouquet’s avec les Dassault, Bouygues, Lagardère ou autres Alain Minc. « Une belle brochette, un précipité des collusions entre pouvoirs économiques, certains grands intellectuels, la presse et le politique. » Dans les semaines qui ont suivi, on a pu voir le président prendre dans son gouvernement deux ministres ayant épousé des journalistes, d’autres journalistes entrer dans des ministères comme conseillers, ou Sarkozy annoncer en primeur à un journaliste des Echos le nom de son prochain patron. « Ceci démontre que les choses ne sont pas complexes du tout, contrairement à ce qu’on aime à prétendre en venant expliquer qu’on ne peut analyser les médias sans démêler des liens complexes... Lorsque Edouard de Rotschild, après d’autres affaires, s’est intéressé aux journaux et qu’il a débarqué à Libération, il a commencé par virer Serge July et par enlever aux journalistes leur minorité de blocage. La presse n’est pas un monde à part : le patron de l’entreprise y dicte ses ordres. » Et dans ce monde là, souligne Serge Halimi, les grandes mobilisations sociales telles les récentes grèves de la SNCF ou la France d’en bas peinent à se faire leur place... « Bien sûr, les éditorialistes ou les présentateurs de TV n’ont pas à recevoir d’ordres de qui que ce soit : ils ont parfaitement intégré les consignes. La mécanique est assez bien huilée pour rendre inutile toute machination. » Bidier Estoppey |