15 mars 2008
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Roubaix : l'abstention arrive en tête
Le taux d'abstention (60,48%) a volé la vedette aux candidats roubaisiens. On est malheureusement habitué à une faible participation dans la deuxième commune du Nord. Mais cette fois, alors que la participation augmente au niveau national par rapport à 2001, elle baisse encore à Roubaix, passant d'environ 45% à 39,52%.
Cette faible participation ne nuit pas à la liste Roubaix ensemble, menée par le maire sortant PS René Vandierendonck, allié au MoDem, au PC et à la société civile. La liste recueille 48,06%. Elle arrive ainsi en tête, très loin devant le principal challenger Max-André Pick (UMP) et son rassemblement citoyen (il était notamment allié à Christian Maes (MRC). Cette liste obtient 19,01% des suffrages.
La surprise de ce premier tour vient des Verts de Slimane Tir. L'élu sortant (il faisait partie de la majorité de gauche plurielle au côté René Vandierendonck), est parvenu à drainer 13,67% des voix. Un score qui permet aux Verts de se maintenir au second tour, ce qu'ils feront puisque René Vandierendonck, fidèle à ses dernières déclarations, a assuré dès ce soir qu'il n'y aurait « aucun marchandage » avec Slimane Tir. Le second tour se jouera en revanche sans Guy Cannie (Front national), qui a obtenu 8,94%. Pour la première fois depuis les années 1980, le FN roubaisien ne pourra donc se maintenir. Il est suivi de loin par son frère ennemi, le MNR de Luc Van Engelandt, qui termine avec 2,82%. On note le bon score de Yann Merlevede (extrême-gauche), qui passe la barre fatidique des 5%, avec 5,37%. Enfin, Rachid Rizoug et son Alternative citoyenne n'ont séduit qu'une poignée de Roubaisiens : il obtient 2,14%.
Les réactions :
René Vandierendonck (PS, maire sortant, liste Roubaix ensemble) :
« J'appelle tous les candidats du second tour à mobiliser les électeurs de cette ville. Le combat démocratique continue. Notre score de 48%, c'est plus que mes espoirs. Ça permet de réconcilier les deux grandes traditions politiques de cette ville. C'est la clarté d'un choix. C'est une grande satisfaction pour la liste Roubaix ensemble. Ça nous rend incontournables pour le second tour et ça nous fait échapper à tous les marchandages. Je continue et je dépose ma liste telle quelle, dès demain matin à 8h à la préfecture. Les Verts ont fermé eux-mêmes la porte avant la constitution des listes. Il n'y aura aucune négociation. Leur programme et le nôtre sont de toute façon incompatibles. Je ne fais pas d'accord sur un coin de table, ni de marchandage avec des formations politiques. Les Roubaisiens choisiront. Mon principal adversaire, c'est l'abstention. »
Arnaud Verspieren (MoDem, liste Roubaix ensemble) :
« Je suis content, on ne va quand même pas bouder son plaisir ! Mais ces résultats appellent plusieurs constats. D'abord, la théorie que m'avait enseignée André Diligent dans cette ville existe bel et bien à Roubaix : il y a les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens, c'est une tendance lourde qui se vérifie. Ensuite, toutes les théories politiciennes de dissidence, d'un côté, de l'autre, se sont avérées fausses. Les électeurs ont confirmé qu'ils souhaitaient cet accord, et ça prouve qu'on avait raison. Cette liste, telle qu'elle est composée, nous donne les moyens de fonctionner. Mais les jeux ne sont pas faits, même si c'est bien parti. Le danger de l'abstention est là pour nous, le risque existe. Une fois que les lampions de la fête seront éteints, derrière il y a six ans de boulot. »
A quel poste se voit l'allié du maire sortant une fois la victoire acquise ? « Peu importe ! Je suis sensible au développement économique, ce qui aurait un petit peu de sens. Mais, c'est vrai de vrai, je ne suis pas en train de pleurnicher pour des places. Il faut mettre les bonnes compétences aux bons endroits, peu importe les cartes politiques. Je suis là pour travailler pour cette ville, et conscient de l'énormité de la tâche. »
Le score des Verts ?
« Je pense qu'ils ont fait une bonne campagne. Ils ont progressé autant que l'UMP a regressé. Mais nous avons des accords clairs avec le maire : je n'aime pas que ça se joue dans le dos des électeurs. Là, c'est très net. Par respect pour les électeurs : que le meilleur gagne, c'est la règle du jeu. Mais comme le dit François Bayrou, une élection, ce n'est pas une guerre civile. »
Max-André Pick (UMP) :
« C'est en gros le score qu'on a fait en 2001 avec Arnaud Verspieren. Y a-t-il eu un effet de démobilisation ? Nos électeurs habituels ne sont pas venus aux urnes. Mais il y a un vote protestataire réel par rapport à la politique nationale. Il y a une désaffection de l'électorat de droite vis à vis du gouvernement. Pourtant, je menais un large rassemblement de citoyens donc je n'avais pas d'étiquette gouvernementale. On pensait effectivement qu'on allait se rapprocher plutôt de 30% que de 20%. On n'a sans doute pas su mobiliser assez. Mais on a mis des moyens considérables, et on a été de loin l'équipe la plus active. S'il fallait refaire cette campagne, on la referait exactement de la même manière. Bon, c'était pas notre tour cette fois-ci, ce le sera peut-être une autre fois. Reste qu'en nombre de voix, l'écart avec René Vandierendonck n'est pas si énorme. Ce sont les abstentionnistes qui ont vraiment décidé, et pas ceux qui sont allés voter. Maintenant, on repart à la bataille pour un second tour. On va le jouer à fond. On va à nouveau tracter comme des sauvages. »
Christian Maes (MRC, liste Rassemblement citoyen)
« C'est une légère déception, vite corrigée par le second tour qui s'annonce. Il y a une masse de citoyens à mobiliser contre René Vandierendonck. Il nous reste un potentiel important, si on mobilise les citoyens qui ne sont pas allés voter. On est optimistes. L'électorat populaire qui s'est tourné vers le FN va être disponible. Avec l'abstention, René Vandierendonck ne représente même pas 20% des Roubaisiens, donc la marge de manoeuvre est importante. »
Slimane Tir (Les Verts, liste Ouvertement à gauche) :
« 13,67%, c'est un très bon résultat ! On a fait une magnifique campagne sur le contenu, c'ets une bonne nouvelle pour nous. La deuxième bonne nouvelle, c'est que les frères siamois de l'extrême-droite sont sous la barre des 10%.
La troisième nouvelle, mais celle-là est très mauvaise pour la démocratie dans notre ville, c'est la faible participation. Les habitants des quartiers populaires expriment ainsi leur défiance par rapport aux politiques. C'est triste de voir une participation deux fois moins forte que pour la présidentielle, moins d'un an après. Concernant René Vandierendonck, il a fait depuis longtemps le choix d'une alliance avec l'ancien RPR-UDF. On est persévérant aussi dans notre choix. Les électeurs nous ont donné les moyens d'être au second tour, on y sera. »
Un espoir de reports de certaines voix à gauche ?
« Il y aura sans doute des reports de voix. Entre Ouvertement à gauche (la liste des verts NDLR) et Vraiment à gauche (la liste d'extrême-gauche de Yann Merlevede NDLR), c'est toujours à gauche tout ça ! Mais après, nul n'est propriétaire de ses voix. »
Son sentiment sur le score des verts à Lille (ils font moins qu'en 2001) ?
« On savait qu'ils auraient du mal à réitérer la surprise de 2001. Mais mes copains lillois sont partagés ce soir : mois je suis pour une métropole équilibrée, la bonne surprise en 2001, c'était eux, cette fois, elle vient de Roubaix ! »