Le Tourquennois Bernard Despierre, ex-secrétaire régional et actuel vice-président du conseil national des Verts, voit "trois raisons" : "D'abord, les Verts de Lille ont un excellent bilan, ce qui n'est pas notre cas à Tourcoing. Ensuite, l'enjeu : Lille n'est pas menacée par la droite, Tourcoing si, et par une droite dure ! Enfin, nous avons effectué un gros travail avec le socialiste Michel-François Delannoy : c'est un homme de 44 ans, moderne, qui intègre facilement les problèmes d'environnement."
En 2001, les Verts avaient mené leur propre liste. "Le groupe local s'était finalement prononcé pour l'autonomie, à une courte majorité." Faire vivre l'écologie en milieu populaire n'est pas facile. "Nous nous sommes rapprochés des milieux associatifs." Bilan de la liste menée par Simone Scharly, associée au Collectif citoyen (association travaillant pour l'intégration) : 7,87 % au soir du premier tour, et une alliance avec les socialistes au deuxième tour. A la clé : six élus.
Mais l'état de grâce ne dura pas. "La division n'a pas tardé, admet M. Despierre. Les associatifs ont repris leur liberté, et les quatre élus Verts restant se sont brouillés – comme souvent chez les Verts à l'époque."
SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
De démission en démission, Mme Scharly, directrice d'une association contre le surendettement, a rejoint le groupe socialiste ; un autre militant est parti au PRG. A l'époque, Bernard Despierre était le dernier de la liste. "Le groupe s'est reconstitué, on a gardé le cap, mais nous étions dans l'incapacité de monter une liste pour 2008. En novembre 2007, la décision fut prise à l'unanimité de rallier M. Delannoy."
Les propositions tourquennoises se trouvent dans le "manifeste Vert" présenté pour la communauté urbaine par le Lillois Eric Quiquet.
Et l'entente cordiale règne avec les Verts de Roubaix. "Nous avons en commun le projet européen blue-links, autour du canal de Roubaix, mais aussi l'aménagement de la Zone de l'Union, qui sera dans les prochaines années le plus vaste éco-quartier de la métropole."
Slimane Tir, qui mène une liste face au maire (PS) de Roubaix, René Vandierendonck, confirme. "C'est vrai que nous nous sommes structurés depuis plus longtemps, dès 1988. Notre écosystème, en quelque sorte, c'est ce terrain ouvriers-employés qui est le même qu'à Tourcoing : notre écologie populaire repose sur double face environnementale et sociale."
Amélioration de la vie dans les quartiers, réflexion sur l'alimentation, voilà les chantiers qui ont été menés par les Verts roubaisiens, ajoute M. Tir : "Pour nous, l'écologie ne devait pas être réservée aux bobos, car le réchauffement climatique pénalise d'abord les moins bien armés."