26 avril 2008
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Famines : les solutions existent, elles sont écologistes
jeudi 24 avril 2008
Un groupe de Verts appelle à la réunion urgente d'un nouveau Sommet de
la Terre, qui prendra les décisions radicales qui s'imposent face au
drame de la faim.
Maroc, Indonésie, Haïti, Cameroun, Côte-d'Ivoire, etc., la liste des
pays victimes d'émeutes de la faim s'allonge chaque jour. En Europe,
pour beaucoup, les famines évoquent le Moyen Âge et des souvenirs de
leçons d'histoire. On regarde alors ce spectacle avec un mélange de
commisération et de charité. Nous devons pourtant affronter la réalité
car ce n´est pas la fatalité qui tue. Le retour des famines est une
catastrophe écologique de grande ampleur provoquée par notre mode de
développement. On nous dit que les « experts » n'avaient rien vu, les
Verts et les altermondialistes n'ont pourtant cessé d'alerter. René
Dumont a consacré toute sa vie à la lutte contre la faim. Avant sa
mort, il a publié un dernier ouvrage au titre évocateur, Famines : le
retour. Il y pointait les conséquences dramatiques du désordre libéral
et de l'absence de politiques volontaristes.
Qui se souvient de l'engagement solennel d'Henry Kissinger, au Sommet
mondial de l'alimentation en 1974, à ce que plus un enfant ne meure de
faim dix ans plus tard ? Le mythe productiviste d'une résolution de
nos crises par le seul recours à la technique a échoué. Ce sont les
fondements même de notre développement qui produisent ces crises.Le
tiers monde paye le prix de la libéralisation des marchés agricoles
qui détruit les agricultures paysannes en les exposant à la
concurrence de produits agricoles bradés sur le marché mondial. Un
modèle unique a été suivi, celui d'une agriculture productiviste
privilégiant les cultures d'exportation des groupes agroalimentaires
au détriment des cultures vivrières. L'absence de volonté écologiste
des gouvernements a délaissé le combat prioritaire contre le
dérèglement climatique, abandonné les conséquences de la raréfaction
de l'eau au marché et ignore l'extinction de la biodiversité. Nous
restons enfermés dans la dépendance aux firmes multinationales par les
OGM au lieu de choisir la souveraineté alimentaire, et menaçons les
équilibres écologiques en appuyant la production d'agrocarburants.
Ce modèle agricole unique imposé met notre planète en danger. Ceux qui
meurent de faim payent le prix des politiques néocoloniales menés par
des pays comme la France, la Chine et les États-Unis, laissant au
pouvoir dictateurs et élites corrompues, poursuivant ainsi le pillage
économique. La solidarité mondiale n'est plus qu'une légende alors que
l´insuffisante Aide publique au développement a encore reculé de 8,7 %
en 2007. La nécessaire gouvernance mondiale est abandonnée aux firmes
appuyées souvent par le FMI et la Banque mondiale. Ceux qui meurent de
faim payent le prix de l'idéologie néolibérale, du court-terme et du
laisser-faire, d'une société consumériste encourageant le gaspillage
et d'une croyance illimitée au mythe de la croissance. Ce prix a un
nom, c'est celui de la lourde « dette écologique » que nos
gouvernements successifs ont contracté année après année envers le
Sud. Si la justice a encore un sens pour nous, il est toujours
possible de s'en acquitter. Nous appelons à la réunion dans les plus
brefs délais d'un nouveau Sommet de la Terre. Il commencera par
annuler la dette financière des pays du Sud. Il luttera contre la
spéculation, il initiera un plan d'appui aux paysans plutôt qu'aux
grandes industries agroalimentaires et organisera un échange des
savoirs et le transfert de connaissances agricoles.
Il lèvera une taxe mondiale de solidarité sur les transactions
financières et les ventes d'armes, organisant la redistribution à
l'échelle planétaire. En sortant des tergiversations criminelles de
Bali, il organisera une politique planétaire contre le réchauffement
climatique. L'Union européenne lancera rapidement une véritable
réforme de la PAC et augmentera les fonds consacrés à l'aide au
développement. Pour finir, les gouvernements du Nord décideront de
transférer les budgets consacrés à la guerre pour gagner celle contre
la faim et la misère, responsable de tant de déracinements forcés. Ces
solutions peuvent paraître radicales, elles coûteront moins que le «
laisser-faire ». On ne peut plus aujourd'hui se contenter de discours
: la maison brûle, et ceux qui le disent continuent d'en alimenter le
feu.
Cécile Duflot (secrétaire nationale des Verts), Christophe Rossignol
(conseiller régional du Centre, président de la commission relations
internationales), Marie-Pierre Bresson (maire adjointe de Lille
chargée de la coopération), Solène Benoit (agroéconomiste, ancienne
conseillère auprès du ministère de l'Agriculture à Haiti)
N. B. Cette tribune fut rédigée avant que Nicolas Sarkozy promette
d'augmenter l'aide alimentaire de la France. L'OCDE a mis en en
évidence une forte baisse de l'aide aux pays pauvres en 2007, en
particulier de la France.
jeudi 24 avril 2008
Un groupe de Verts appelle à la réunion urgente d'un nouveau Sommet de
la Terre, qui prendra les décisions radicales qui s'imposent face au
drame de la faim.
Maroc, Indonésie, Haïti, Cameroun, Côte-d'Ivoire, etc., la liste des
pays victimes d'émeutes de la faim s'allonge chaque jour. En Europe,
pour beaucoup, les famines évoquent le Moyen Âge et des souvenirs de
leçons d'histoire. On regarde alors ce spectacle avec un mélange de
commisération et de charité. Nous devons pourtant affronter la réalité
car ce n´est pas la fatalité qui tue. Le retour des famines est une
catastrophe écologique de grande ampleur provoquée par notre mode de
développement. On nous dit que les « experts » n'avaient rien vu, les
Verts et les altermondialistes n'ont pourtant cessé d'alerter. René
Dumont a consacré toute sa vie à la lutte contre la faim. Avant sa
mort, il a publié un dernier ouvrage au titre évocateur, Famines : le
retour. Il y pointait les conséquences dramatiques du désordre libéral
et de l'absence de politiques volontaristes.
Qui se souvient de l'engagement solennel d'Henry Kissinger, au Sommet
mondial de l'alimentation en 1974, à ce que plus un enfant ne meure de
faim dix ans plus tard ? Le mythe productiviste d'une résolution de
nos crises par le seul recours à la technique a échoué. Ce sont les
fondements même de notre développement qui produisent ces crises.Le
tiers monde paye le prix de la libéralisation des marchés agricoles
qui détruit les agricultures paysannes en les exposant à la
concurrence de produits agricoles bradés sur le marché mondial. Un
modèle unique a été suivi, celui d'une agriculture productiviste
privilégiant les cultures d'exportation des groupes agroalimentaires
au détriment des cultures vivrières. L'absence de volonté écologiste
des gouvernements a délaissé le combat prioritaire contre le
dérèglement climatique, abandonné les conséquences de la raréfaction
de l'eau au marché et ignore l'extinction de la biodiversité. Nous
restons enfermés dans la dépendance aux firmes multinationales par les
OGM au lieu de choisir la souveraineté alimentaire, et menaçons les
équilibres écologiques en appuyant la production d'agrocarburants.
Ce modèle agricole unique imposé met notre planète en danger. Ceux qui
meurent de faim payent le prix des politiques néocoloniales menés par
des pays comme la France, la Chine et les États-Unis, laissant au
pouvoir dictateurs et élites corrompues, poursuivant ainsi le pillage
économique. La solidarité mondiale n'est plus qu'une légende alors que
l´insuffisante Aide publique au développement a encore reculé de 8,7 %
en 2007. La nécessaire gouvernance mondiale est abandonnée aux firmes
appuyées souvent par le FMI et la Banque mondiale. Ceux qui meurent de
faim payent le prix de l'idéologie néolibérale, du court-terme et du
laisser-faire, d'une société consumériste encourageant le gaspillage
et d'une croyance illimitée au mythe de la croissance. Ce prix a un
nom, c'est celui de la lourde « dette écologique » que nos
gouvernements successifs ont contracté année après année envers le
Sud. Si la justice a encore un sens pour nous, il est toujours
possible de s'en acquitter. Nous appelons à la réunion dans les plus
brefs délais d'un nouveau Sommet de la Terre. Il commencera par
annuler la dette financière des pays du Sud. Il luttera contre la
spéculation, il initiera un plan d'appui aux paysans plutôt qu'aux
grandes industries agroalimentaires et organisera un échange des
savoirs et le transfert de connaissances agricoles.
Il lèvera une taxe mondiale de solidarité sur les transactions
financières et les ventes d'armes, organisant la redistribution à
l'échelle planétaire. En sortant des tergiversations criminelles de
Bali, il organisera une politique planétaire contre le réchauffement
climatique. L'Union européenne lancera rapidement une véritable
réforme de la PAC et augmentera les fonds consacrés à l'aide au
développement. Pour finir, les gouvernements du Nord décideront de
transférer les budgets consacrés à la guerre pour gagner celle contre
la faim et la misère, responsable de tant de déracinements forcés. Ces
solutions peuvent paraître radicales, elles coûteront moins que le «
laisser-faire ». On ne peut plus aujourd'hui se contenter de discours
: la maison brûle, et ceux qui le disent continuent d'en alimenter le
feu.
Cécile Duflot (secrétaire nationale des Verts), Christophe Rossignol
(conseiller régional du Centre, président de la commission relations
internationales), Marie-Pierre Bresson (maire adjointe de Lille
chargée de la coopération), Solène Benoit (agroéconomiste, ancienne
conseillère auprès du ministère de l'Agriculture à Haiti)
N. B. Cette tribune fut rédigée avant que Nicolas Sarkozy promette
d'augmenter l'aide alimentaire de la France. L'OCDE a mis en en
évidence une forte baisse de l'aide aux pays pauvres en 2007, en
particulier de la France.