Intervention sur :
Le plan local d'application de la charte locale nationale d'insertion;
La loi est parfois nécessaire pour obliger à avancer dans des domaines essentiels, la parité en est exemple, l’accès à l’emploi un autre. C’est l’exemple qui nous est présenté ici à travers un principe aussi louable que celui qui conduit à cette charte d’insertion.
Cette délibération appelle néanmoins un certain nombre de remarques :
Le nombre de bénéficiaires du dispositif :
Il est dommage que cette charte ne s’applique qu’à une proportion infime des demandeurs d’emploi Roubaisiens. Bien que le chiffre mentionné de 155 343 heures d’insertion soit assez impressionnant au final il n’y a que 17 personnes en équivalents temps plein ou 30 personnes en CAE par an qui pourront bénéficier des mesures de cette charte.
Elle ne concerne que 0,1 pour cent des demandeurs d’emploi roubaisiens (pour mémoire la ville de Roubaix compte 11 183 demandeurs d’emploi).
La charte reprend le minimum demandé par l’ANRU. : un nombre d’heure de travail en insertion lié au montant total des marchés de travaux.
Nous pouvons aller plus loin et, dans les critères de choix des entreprises, favoriser celles qui prévoient encore plus d’heures d’insertion.
Information sur le dispositif :
Cette charte prévoit un plan important de « mobilisation des publics et des intermédiaires de l’emploi » par le biais de différentes réunions et outils de communication.
Au regard du nombre de personne visées par le dispositif ne faut-il pas prendre garde au risque de sur-informer et de créer beaucoup d'attentes et déceptions auprès des Roubaisiens. Souvenons nous des espoirs déçus de l'installation de l'usine Camaïeu dont on annonçait la création de 1000 emplois pour les quartiers. Le bilan de cette entreprise citoyenne est aujourd’hui extrêmement mitigé.
Lourdeur du dispositif :
Le plan d'accompagnement proposé organise essentiellement des systèmes d'information et de coordination entre les multiples acteurs, c'est peut-être nécessaire, mais ne pensez vous pas que la lourdeur du dispositif ne soit préjudiciable au résultat poursuivi qui est la remise à l’emploi de 17 personnes.
La problématique de l’emploi :
Ce dispositif ne touche pas le fond du problème, problématique qui est indiquée sur votre rapport à savoir « le paradoxe de l’existence simultanée d’un taux de chômage anormal et des tensions fortes sur les métiers où de nombreux postes de travail ne sont pas pourvus tels que le bâtiment et l’hôtellerie restauration ».
Nous savons que le bâtiment recrute et ne trouve pas de main d'oeuvre. Le problème n'est pas tant l'absence d'emplois que les moyens et les méthodes de médiation à l'emploi pour, avec les entreprises, construire des emplois durables et lever les critères de discriminations à l'embauche qui touchent en premier lieu les roubaisiens.
L'immense majorité des demandeurs d'emploi y compris de longue durée ou au RMI est employable s'ils peuvent bénéficier d'un accompagnement qui redonne confiance, c'est à dire qui les mette directement en contact avec plusieurs offres d'emploi, qui assure un rôle d'interprète auprès du futur employeur, qui ne soit pas dans le contrôle, la dévalorisation et la stigmatisation (vous êtes sous qualifiés, pas assez mobile, en insertion etc...).
Aujourd’hui cette charte ne nous donne aucun gage sur la remise à l’emploi de manière durable de ces personnes mais ouvre un espoir. La charte précise que « l’entreprise s’engage à établir un bilan qualitatif et quantitatif de l’opération et à apporter un avis sur les possibilités d’évaluation professionnelle des personnes concernées ».
Aucune garantie sur la pérennisation de tel ou tel poste ou mission n’est assurée par cette charte.
Comment opère-t-on cette transformation globale et fondamentale de nos dispositifs d'insertion?
Quels moyens et outils supplémentaires donne-t-on aux agents d'insertion pour redynamiser l'accompagnement et la médiation à l'emploi? Ce débat doit être central dans une ville comme la nôtre et ne peut se résumer à la délibération qui nous est proposée ce soir.
Avec l'ensemble des forces sociale, politiques et les acteurs de la société civile il nous faut construire une nouvelle stratégie, un nouveau plan d'action qui soit à la hauteur des attentes des roubaisiens...
Pour les prémisses d’avancée sociale nous voterons cette délibération.