Grand Stade : une majorité divisée
vendredi 26.09.2008, 04:56 - La Voix du Nord
Il aura fallu quatre heures de débat pour en arriver à cette répartition des voix : 113 voix pour (66,66 %), 10 contre et 45 abstentions (un élu n'a pas participé au vote). Quels enseignements en tirer ? Les regards étaient principalement tournés vers le « G10 », les 10 premiers vice-présidents choisis par Martine Aubry. Parmi eux, il y a Gérard Caudron, le maire de Villeneuve-d'Ascq (pour ceux qui auraient oublié, le stade s'implante chez lui). Il a mené campagne contre le stade pendant les municipales. Hier, son groupe, Rassemblement citoyen, a garni les rangs de l'abstention. Le vote a été identique pour Rudy Élegeest (Action et Projets pour la Métropole), ainsi que Bernard Gérard (Métropole Communes Unies). Si le maire de Mons-en-Baroeul suit la même ligne de conduite depuis le début du dossier (en substance : le Grand Stade n'est pas une priorité), l'attitude de l'opposition a un tantinet agacé la présidente Aubry. Cette dernière ne comprend pas comment on peut être d'accord sur un projet en février et lui trouver des défauts sept mois plus tard, alors qu'il a bonifié avec le temps et surtout qu'il coûte moins cher. Avec les Verts, il devrait y avoir très prochainement une petite explication de texte : hier, Slimane Tir et ses camarades ont voté contre la délibération. Martine Aubry a précisé qu'elle était très attachée à la liberté de vote. Elle a échangé un regard complice avec Gérard Caudron mais a lancé un regard noir en direction des Verts. Le prochain repas de famille de la majorité communautaire risque d'être animé. • EM. C.
La Voix du Nord - 26/09/2008 |
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Le LOSC joue collectif
Petit retour en arrière. Le 1er février, le Grand Stade était à l'ordre du jour, rue du Ballon, au siège de la communauté urbaine. Si stade il doit y avoir, c'est tel que l'a dessiné Eiffage ; les élus (à 82 % des voix) en avaient décidé ainsi. Mais avait aussi été stigmatisée une redevance (14,2 ME par an) trop élevée.
Sept mois ont passé et la facture a baissé pour se rapprocher de la barre symbolique des 10 ME.
Quand il est question d'argent public, on joue mieux à 10 qu'à 14.
Si la note est moins salée pour la communauté urbaine, c'est, en partie, parce que le LOSC a fait parler son sens du collectif : le naming (LMCU a reçu une proposition à 4,3 ME) devient maintenant une recette communautaire ; le club nordiste a également accepté l'idée de reverser une taxe sur les spectacles. LMCU est même intéressée financièrement, via la billetterie, aux résultats sportifs. Pendant ses sept mois de réflexion, il a aussi été demandé aux ministères des Transports (36 ME) et des Sports (45 ME), ainsi qu'aux conseils général (20 ME) et régional (45 ME), de mettre la main au portefeuille.
Pour Martine Aubry, la tactique du partenariat public-privé (PPP) mise en place est une des clés de ce succès. La redevance annuelle du Grand Stade est de 31 ME : le secteur privé en prend 17,5 à sa charge, le public ne payant que les 13,5 restants.
L'après-midi d'hier n'en a pas pour autant été une promenade de santé. Et Martine Aubry de siffler ce qu'elle considère comme des fautes de jeu. Quand le football rejoint la politique, les tacles sont parfois appuyés.La présidente de LMCU a, par exemple, rappelé à l'ordre les élus Verts, pourtant membres de sa majorité. « Vous vous abstenez en février quand le stade coûte 14 ME à la communauté et vous votez contre en septembre quand la redevance tombe à 10 ME. J'aurais d'autres choses à dire si je devais dévoiler le fond de ma pensée » (précision : en février, les Verts avaient fait le choix de ne pas participer au vote concernant le choix du projet). Martine Aubry s'en est prise aussi à l'ancien ministre Marc-Philippe Daubresse, à ses yeux trop souvent absent des terrains (le député-maire de Lambersart et chef de file de l'opposition) n'assistait pas au conseil d'hier). •
Les « contrats de territoires », plans d'action des communes, seront signés fin 2009
vendredi 26.09.2008, 04:56 - La Voix du Nord
Épuisés par les longs débats sur le Grand Stade (lire ci-dessous et page 30), les élus communautaires, réunis en conseil hier après-midi, ont rapidement survolé le reste des délibérations. On y a notamment abordé les soutiens aux projets économiques de la métropole, mais aussi les futurs contrats de territoires.
PAR STÉPHANIE FASQUELLE
metro@lavoixdunord.fr PHOTO PIERRE LE MASSON
Contrats de territoires.- Une métropole lilloise scindée en huit territoires, et à l'intérieur, une ou plusieurs spécialités, reflets des communes qui les composent. C'était l'un des projets de gouvernance proposés par Martine Aubry à la tête de LMCU. Hier, Henri Ségard, vice-président chargé de la gouvernance, a dévoilé la mise en forme de ces contrats. « C'est une première... Nous avançons en marchant », a-t-il déclaré prudemment. Un calendrier vient d'être défini. Chacun des huit contrats sera signé en décembre 2009. « Il s'agit de mettre en oeuvre des projets en fonction des compétences de chacun, en prenant en compte la personnalité des territoires », a rappelé l'élu. L'image et le textile à Roubaix-Tourcoing, la santé et la nutrition du côté de Loos et Wattignies... mais encore ? Un temps d'explication, entre fin octobre et décembre 2008, est proposé aux maires. Ils recevront la visite d'Henri Ségard et René Vandierendonck, vice-président à l'urbanisme. Viendra ensuite le temps de la réflexion, entre février et décembre 2009, sur les personnalités des territoires, sur les thématiques à dégager, les actions à lancer. C'est aux maires que reviendront ces choix et aux élus communautaires de trancher. À la clé : un financement inscrit au plan pluriannuel d'investissement. Christian Decocq (opposition de droite) a estimé que ces contrats étaient une forme « d'équité et de solidarité » entre les territoires, mais aussi une source d'« apaisement politique ». « Une proximité des problèmes va émerger, tout cela va humaniser la relation entre les territoires... Je repense à Gérard Haesebrouck, maire d'Armentières, nous expliquant ici, à une autre époque, voilà pourquoi je voterai un métro que je ne verrai jamais. » Soutien à l'innovation.
Le réquisitoire "extra hard" des Verts
Mal placé, disproportionné, trop cher, trop lourd pour les finances communautaires... Pour les Verts, le projet de stade tel qu'on leur demande de le voter demain est un non sens. Ils dénoncent le manque de débat public et s'estiment insuffisamment informés. Explications.
On leur accordera le mérite de la cohérence. Les élus Verts à la communauté urbaine ont toujours dénoncé le projet de Grand Stade, tel qu'il s'est mis en place. Ce jeudi, ils voteront contre et demanderont un vote à bulletins secrets. Manière de délier d'autres élus de leur discipline de vote? En aparté, certains élus socialistes ne cachent pas, eux aussi, trouver l'addition trop salée.
Le site de Villeneuve? «Incohérent en terme de renouvellement urbain et inadapté par rapport aux enjeux de rééquilibrage de la métropole» , tranche Slimane Tir, le nouveau président du groupe des Verts. Le financement? «Un coût particulièrement exorbitant. Le dossier financier, tel qu'il leur a été présenté en réunion de bureau la semaine dernière, ne les a pas convaincus. Certes, «Martine Aubry a bossé pour faire baisser le coût pour les finances de la communauté»mais «on dégonfle les pneus du camion pour qu'il passe sous le pont". Comprenez, sous la barre des 10 millions d'euros de redevance annuelle à verser au constructeur, somme sous laquelle les élus avaient conclu un accord politique, mis à mal par le choix d'Eiffage le 2 février dernier («une journée de dupes»pour les Verts) qui portait la note à 14,2millions d'euros.
Zéro pointé
Pour faire baisser l'addition communautaire, «on intègre d'autres subventions publiques sur lesquelles nous n'avons pas de certitudes. Ce que dénonce également l'UMP. Ainsi, les 45 millions d'euros de la Région. Jean-François Caron y préside le groupe des Verts et prévient, ils ne le voteront pas le 15 octobre. Pas suffisant pour que la délibération soit rejetée, sauf si les communistes et la droite suivent le mouvement. «Je vois quand même mal les communistes à la Région accepter de jouer les banquiers publics pour Eiffage..., lâche Jean-François Caron, rappelant que «les Verts ne sont pas contre les projets de stade, par principe, s'ils s'inscrivent dans une logique d'aménagement du territoire pour les zones sous dotées.De ce point de vue, pour lui, zéro pointé sur la copie.
Éric Quiquet se montre également dubitatif sur les 45 millions que lâcherait Roselyne Bachelot sur le FNDS (fonds national de développement du sport) et les 38 à 46millions annoncés pour le raccordement du stade à l'autoroute. Dominique Plancke enfonce le clou: «déjà, il en manque 4 pour les murs antibruit programmés et des opérations sont reportées dans le bassin minier, alors...Les 20 millions annoncés du Département pour les travaux d'accessibilité? Là encore, «juste une promesse de Bernard Derosier, rien de voté là non plus..
Des avancées tout de même dans la nouvelle mouture? La convention avec le LOSC change. Le Naming qui devait être pris en charge par le club revient désormais à la communauté qui prévoit entre 3,3 et 3,8 millions d'euros de recettes par an. «Autant que Lyon, champion de France depuis plusieurs années..., raille Marc Santré, Vert lillois, «et on nous dit que c'est un scénario prudent!.Le LOSC paierait, au final, 4,7 millions d'euros de loyer«mais s'il est en D1, précise Éric Quiquet qui va jusqu'au scénario cauchemar. Lille en D2 (1 million de loyer) «et 20000 spectateurs pour voir jouer Lille contre Le Havre pendant que les voyageurs de la ligne1 du métro seront serrés comme des sardines. Si c'est ça l'avenir de cette métropole, nous n'en serons pas!. Il rappelle que les Verts ont signé un contrat de majorité «avec trois priorités: le logement, les transports et le développement économique. Et le premier gros dossier qu'on nous présente au vote, c'est le stade! Après, on regardera ce qui reste pour financer les autres priorités?
Et de conclure: «depuis le début, ce dossier du stade est une anomalie démocratique. C'est dit.
Flotrence Traullé ( Nord Eclair )
Slimane Tir : « Nous avons toujours la même position ; nous voterons contre »
mercredi 24.09.2008, 05:04 - La Voix du Nord
Le site de la Borne de l'Espoir n'a pas les faveurs des Verts.
Un samedi de l'année 2014 ; il y a 20 000 personnes dans le stade du LOSC (même pas la moitié de sa capacité d'accueil) pour assister à Lille - Le Havre ; un peu plus tôt dans la journée, des usagers des transports en commun se tassent dans une ligne 1 du métro qui n'a pas pu être doublée, faute de financements. Ce scénario, les Verts n'en veulent pas. À l'échelon communautaire, ils voteront contre la délibération Grand Stade présentée ce jeudi en conseil. Une façon d'être cohérents, assurent-ils.
PAR EMMANUEL CRAPET
metro@lavoixdunord.fr PHOTO PHILIPPE PAUCHET
Les élus Verts de la communauté rêvent d'un Grand Stade qui n'est pas gigantesque (beaucoup moins que 50 000 places assises) qui n'est pas installé sur le site de la Borne de l'Espoir (« inadapté aux enjeux du renouvellement urbain ») dont le coût n'est pas exorbitant dont le financement ne laisse pas place au partenariat public-privé (PPP) et n'hypothèque pas d'autres politiques communautaires, dites prioritaires, comme le logement, les transports et le développement économique. Or, « le projet qui sera soumis au vote des élus communautaires ce jeudi reprend tous ces travers », regrette le Roubaisien Slimane Tir. « Nous avons toujours tenu la même position : nous voterons contre », assure le président du groupe des Verts à LMCU, qui ajoute : « Nous avons porté cette opposition durant toute la campagne des municipales. » Déjà en 2006, la branche verte de l'arbre communautaire n'avait pas donné son blanc-seing au projet majoritaire (elle s'était prononcée pour Lille-Sud) en février dernier, Éric Quiquet et ses camarades écolos avaient regardé avec un détachement certain la liesse populaire qui avait accompagné le choix du stade : « Une journée de dupes, dit Slimane Tir, puisque le projet retenu est arrivé deuxième » le dossier Eiffage ayant été préféré au dernier moment.
Les élus Verts balaient également d'un revers de manche tous les calculs savants qui permettent de faire passer le coût annuel du Grand Stade pour la communauté urbaine sous la barre virtuelle des 10 ME : « C'est comme dégonfler les pneus du camion pour qu'il passe sous le pont.
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« On va chercher de l'argent du côté de l'État (45ME ?), du conseil général (20 M E ?) et du conseil régional (45ME ?), mais c'est toujours de l'argent public c'est toujours le contribuable qui paie », stigmatise le Lillois Éric Quiquet. Lui qui assiste pourtant aux réunions de groupes au sein de l'exécutif communautaire déplore un manque flagrant d'information. La délibération complète concernant le Grand Stade (avec ses trente-trois annexes) n'est consultable à l'hôtel communautaire que depuis hier après-midi. « Comment les 170 élus vont-ils voter en connaissance de cause quelque chose qui nous engage jusqu'en 2043 ? », demande l'élu.
Pour mémoire, au début de cette année, les Verts ont signé avec la nouvelle présidente un contrat de majorité. Ils avaient ensemble défini des priorités (les trois citées un peu plus haut que sont le logement, les transports et le développement économique). Le premier dossier de l'ère Aubry s'en éloigne. « Nous regarderons avec attention comment financer le reste, prévient Éric Quiquet. Nous ferons une analyse complète de la situation au début de l'année prochaine. » Tout cela ne devrait rester qu'une gesticulation médiatique on voit mal les Verts, qui savaient que le dossier Grand Stade suivrait son cours, faire voler en éclats la nouvelle gouvernance communautaire. •
> Hier matin, Jean-François Caron, chef de file des Verts au conseil régional, a annoncé que son groupe voterait, le 15 octobre, contre le financement du Grand Stade à hauteur de 45 ME.