LE MUSEE DANS LE RAPPORT DE LA CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES
INTERVENTION AU CONSEIL MUNICIPAL DU 9 OCTOBRE 2008
Le rapport d’observations définitives de la Chambre Régionale des Comptes devrait être un document précieux pour tout citoyen attentif à la vie de sa commune. Car c’est finalement le seul audit fait par une autorité extérieure qui a obligation à être régulièrement rendu public.
Ce rapport aborde bien des sujets et il ne serait pas raisonnable de vouloir les traiter tous ce soir, conseillons donc au citoyen attentif de ne pas oublier son existence après ce conseil.
Je voudrais quand à moi, souligner quelques unes de ses remarques sur le musée.
La chambre souligne bien évidemment son succès et ses réussites et je m’en réjouis, des succès et du constat de la chambre.
Elle signale aussi, elle est là dans son rôle, un certain nombre de désordres sur les quels je ne m’étendrai pas, je n’ai pas de raison de douter qu’il y sera remédié rapidement si cela n’a pas déjà été fait.
Plusieurs points méritent cependant un questionnement plus politique.
La chambre nous produit un ratio qui n’est pas sans intérêt, le coût final par visiteur. Ce ratio qui était de 5 euros en 2002 se dégrade constamment depuis, à l’exception de l’année 2004 dont la fréquentation a été dopée par l’exposition Picasso dans le cadre de Lille 2004, pour atteindre 16 euros en 2006.
La chambre souligne que la fréquentation semble liée à l’importance et la variété des expositions temporaires et insiste sur cette programmation dynamique. Chacun sait que cet effort s’est poursuivi après 2006 puisque 2007 a vu d’importantes expositions et que pas moins de 6 expositions temporaires simultanées sont programmées pour la saison qui commence la semaine prochaine.
Des explications à cette dégradation, il peut en avoir de vertueuses comme les entrées gratuites, les activités hors visite, voir hors murs.
Mais on peut s’inquiéter sur la spirale qui se dessine et de ses conséquences. Dans la concurrence entre les musées et les expositions spectacle, la fréquentation doit être maintenue, à grands frais, point d’interrogation, par une ambitieuse politique d’expositions temporaires.
La question finira par se poser : jusqu’à quand Roubaix pourra t il suivre ?
D’autant plus que la chambre remarque que les horaires d’ouverture pourraient, devraient ?, être élargis et l’encadrement renforcé. On imagine bien que l’éventuelle correction de ces insuffisances aura un coût.
La chambre constate d’autre part à plusieurs reprises et avec une malicieuse insistance que le fonds textile était la principale raison d’être du musée et la priorité du projet scientifique initial de 1995, elle souligne le retard pris dans l’exploitation et la valorisation de ce fonds textile dont la mise en valeur reste à faire.
Il est vrai que le musée s’est découvert depuis une forte légitimité dans la sculpture, on y reviendra, mais le non-respect de cet objectif initial laisse à penser.
Enfin, la chambre souligne que la commune n’a pas fixé d’objectif particulier, ni arrêté d’indicateur de nature à informer l’assemblée délibérante sur le fonctionnement du musée.
Si on comprend bien, la chambre semble donc penser qu’il ne serait pas inopportun que le conseil puisse débattre de la vie des grands équipements culturels de la commune et peut être pourquoi pas finalement, des enjeux de la politique culturelle de la ville et de ses effets.
Effectivement, ce serait bien.
Dans votre réponse, monsieur le Maire, vous annoncez pour novembre 2008 un projet stratégique global pour le musée avec la sculpture en priorité, ce qui est une façon de légitimer à postériori cette initiative malencontreuse, manifestement pas suffisamment réfléchie et qui apparaît de plus en plus comme une erreur politique, à savoir ce fameux «musée Bouchard » qui a été récemment consacré dans la presse comme priorité du mandat à venir.
Nous les Verts, nous n’avons aucune hostilité pour le musée, ni bien sur pour ceux qui l’animent.
Et c’est bien parce que son développement solidaire et raisonnable, son développement durable en quelque sorte, nous importe, que nous pensons qu’il mérite des choix judicieux appuyés sur une réflexion disons, plus collective.
Nous avons à Roubaix des ressources limitées, nous avons par contre de gros besoins, dans tous les domaines, nous avons aussi de lourdes obligations, un patrimoine à préserver et à valoriser, et bien heureusement aussi des richesses à faire partager, et je pense dans le domaine des arts plastiques à l’œuvre de ce que l’on appelle le groupe de Roubaix, et nous devons aussi encourager les créateurs d’aujourd’hui et de demain.
Il faudra bien un moment faire des choix.
« Grandeur et décadence d’un artiste officiel de le IIIème république » cela peut être le sujet d’une passionnante monographie mais cela ne justifie pas un musée permanent à Roubaix aux frais des roubaisiens.
Christian CARLIER
9/10/2008