L'opération qui a permis de confiner l'importante pollution des sols de la friche PCUK, à Wattrelos, bénéficie de deux atouts imparables : elle était la seule financièrement envisageable, et la possibilité de bénéficier des sédiments extraits de la marque offrait une opportunité unique de conjuguer la réhabilitation du site et la remise en navigation du cours d'eau.
« Le projet Blue Links a sauvé la friche PCUK. Sans le canal, la friche Kuhlmann serait sans doute aujourd'hui dans le même état d'abandon que lors des vingt dernières années. » Le constat est signé Slimane Tir, vice-président de la communauté urbaine en charge de l'Espace naturel métropolitain, pas mécontent d'avoir permis la neutralisation d'une friche dont la mairie de Wattrelos ne savait plus que faire.
Jeudi, une réunion de chantier était programmée entre les responsables du chantier, des représentants des communes de Wattrelos et Leers, et l'association de défense du Sartel-Carihem. L'occasion pour les techniciens de rappeler que l'opération a d'abord pour objectif de confiner les pollutions (phosphgypse et chrome) résultant d'un siècle d'exploitation industrielle du site, et d'éviter tout contact avec la nappe phréatique. Les boues du canal sont l'atout de l'opération puisqu'elles offrent un matériau de base peu coûteux pour « lisser » la friche, comme on le fait avec les terrils du bassin minier.
Ces boues ont fait l'objet de contrôles (4 000 m² ont été écartés du chantier pour non-conformité environnementale) car il ne s'agissait pas d'ajouter une pollution sur une autre.
Elles forment avec l'argile et la terre végétale, la gangue (de 1,50 m à 3 m d'épaisseur) sous laquelle est enfermée la couche polluée. La mise en place de ces différentes couches a aussi permis de remodeler les 40 hectares du site PCUK afin de le préparer à sa future destination : un grand espace vert avec chemins de promenade (à horizon 2010). « Ce ne sera pas un second parc urbain », a toutefois précisé Slimane Tir.
Actuellement, le chantier avance à pas de géants car les financements État (3,5 millions d'euros) et Europe (1,1 million) sont liés à une fin des travaux avant janvier 2009. Les sédiments qui seront apportés après cette date (notamment les 20 000 m³ de boues extraites du côté belge du canal) iront sur la partie leersoise de la friche Kuhlmann et seront répartis selon les mêmes dispositions que celles en vigueur côté wattrelosien.
Des travaux qui inquiètent les riverains, ce qui agace un peu Slimane Tir : « Les sédiments du canal ont permis de sortir ce site de l'état de friche. Que sont 200 000 m³ de boues au regard des 3 millions de mètres cube de phosphogypse et des 650 000 m³ de charrées de chrome que nous avons pu isoler grâce à ce couplage ». D'autant que la friche Kuhlmann a désormais un avenir arboré devant elle, ce qui n'était pas le cas de l'ancienne décharge à ciel ouvert où chaque flaque regorgeait de produits toxiques... •
OLIVIER HENNION