Réunis en congrès à Lille le week-end dernier, les écologistes ont réélu leur secrétaire nationale sortante.
Les Verts ont-ils «tourné la page des bagarres», comme l'affirme le député maire de Bègles Noël Mamère ? Bien qu'impensable il y a encore quelques années, la réponse semble être oui.
Loin de l'ambiance délétère du congrès du PS à Reims, il y a trois semaines, les 528 délégués du parti écologiste, réunis vendredi et samedi à Lille en congrès, ont largement réélu, à 70,9 %, leur secrétaire nationale sortante, Cécile Duflot pour trois ans.
Titulaire d'un DEA en géographie et diplômée de l'Essec, cette jeune mère de famille, âgée de 33 ans, a reconnu samedi soir qu'«être réélue dans ces conditions, c'était presque inespéré».
Forte de l'expérience de son précédent mandat de deux ans, durant lequel elle s'est efforcée de pacifier son turbulent parti, elle s'est encore dite «prête à donner des conseils à Martine Aubry».
Au regard de l'historique du parti écologiste, cette large synthèse qui s'est dégagée à Lille relève du travail d'orfèvre. Les tractations entre courants ont en effet battu leur plein jusqu'à environ 4 heures du matin samedi. En arrivant vendredi soir, la sénatrice de Seine-Saint-Denis Dominique Voynet, dont la motion était arrivée deuxième (25,28 %) derrière celle de Cécile Duflot (27,78 %) mi-novembre, s'était par exemple déclarée prête à «discuter huit heures s'il le faut sur chaque mot» de la synthèse.
Résultat : sur les six motions en lice lors du vote des militants le 16 novembre, quatre se sont finalement regroupées pour dégager une synthèse qui «réaffirme l'orientation générale des Verts en faveur de la décroissance sélective équitable et solidaire».
Ancienne porte-parole des Verts reconduite au collège exécutif, Anne Souyris estime que «face à la crise globale de la planète», le succès de la synthèse tient «à un souci d'efficacité qui l'a emporté sur les divisions».
Pour un délégué, «après le score calamiteux de Voynet à la présidentielle (1,57 %), nous n'avions d'autre choix que de nous ressaisir». «On a appris la culture du dialogue», se félicite un autre.
Noël Mamère estime cette synthèse «nécessaire» : «Nous sommes dans la perspective de rassembler la famille écologiste pour les européennes, nous ne pouvions donc pas manquer cette étape», explique-t-il.
Cécile Duflot ne dit pas autre chose. Selon elle, cette synthèse énonce «clairement notre participation active au rassemblement des écologistes aux européennes de juin 2009» avec le mouvement Europe Écologie créé autour de Daniel Cohn-Bendit et réunissant José Bové et des proches de Nicolas Hulot. Une stratégie, si elle s'avère payante, qui pourrait être reconduite pour les régionales.
La gauche du parti, à l'instar de la députée de Paris, Martine Billard, a toutefois refusé de signer la synthèse. De même que les amis de son collègue à l'Assemblée nationale Yves Cochet. Pour ce dernier, partisan d'une «démolition- reconstruction», ce congrès ne révèle «que du façadisme sans unité».