Une députée raconte Gaza
Publié le mardi 27 janvier 2009 à 06h00
La députée européenne Hélène Flautre (Verts) a passé quelques heures à Gaza le 11 janvier, entre deux périodes de combats. Jeudi elle a livré son témoignage au public roubaisien.
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Organisée par les Verts de Roubaix, la rencontre avec Hélène Flautre a réuni plus d'une centaine de personnes jeudi soir dans l'enceinte de l'école Ernest Renan ; des hommes, des femmes, des adolescents, des personnes âgées, tous très attentifs et plutôt remontés.
Visiblement le sort des Gazaouis et plus généralement la question palestinienne ne laisse pas indifférents les Roubaisiens, notamment ceux issues de l'immigration.
Hélène Flautre a pénétré dans la Bande de Gaza le 11 janvier dernier en compagnie de sept autres députés européens. Objectif : rendre compte de la situation au monde alors que l'entrée dans le territoire palestinien était refusée aux journalistes. La « visite » a été rendue possible grâce à la coopération du gouvernement égyptien et de L'UNRWA (l'agence de l'ONU consacrée aux réfugiés palestiniens), Israël ayant formellement interdit aux élus européens d'entrer à Gaza.
« Une volonté de destruction »
« J'ai eu peur », a déclaré Hélène Flautre en préambule de son intervention. « Peu après être rentré dans la Bande de Gaza, une bombe est tombée pas très loin de nous, pendant la trêve quotidienne. Ça vous scotche ! » La députée européenne est visiblement affectée même si elle reconnaît n'avoir « pas vu grand chose ». Assez cependant « pour qu'il ne soit plus nécessaire de parler de "présomption" de crimes de guerre. C'est le seul conflit au monde où on bombarde une population qui ne peut pas fuir. »
Malgré plusieurs « messages d'intimidation » envoyés par l'armée israélienne, le groupe d'observateurs internationaux s'est rendu dans un abri, en fait une école pour garçons abritant 1215 personnes. « Les adultes étaient affligés, endeuillés, effondrés mais les gamins pétaient la vie. Ça donne envie de faire l'impossible, ils n'ont pas désespéré de la vie. » Parmi ces enfants, une petite fille qui a reçu trois balles dans le dos. Elle restera handicapée.
« Ce n'est pas un dérapage, les civils ont fait l'objet d'attaques répétées, estime Mme Flautre. Il y avait une volonté de destruction.
On a croisé des quartiers complètement effondrés. Les bornes ont été clairement dépassées.
Israël bénéficie d'une impunité odieuse depuis trop d'années. Il y a deux poids deux mesures. Il ne faut pas que ces crimes restent impunis, il faut que des gens soient inculpés sinon le cercle vicieux du non-droit continuera. » Là où la députée européenne dénonce des « crimes de guerre » et « un mépris des droits de l'Homme », une partie du public présent jeudi voit « un génocide », « un crime contre l'humanité ».
Malgré l'amertume des intervenants, à aucun moment l'amalgame n'a été fait entre l'État israélien et le Peuple juif. Mme Flautre a d'ailleurs condamné les tirs de roquettes vers Israël et prôné la non-violence.
Le boycott
comme moyen d'action
« Quelle sont nos leviers d'action pour que tout cela s'arrête ? » La question a été posée plusieurs fois à la députée européenne. « L'Europe pourrait décider de ne plus acheter des produits israéliens, propose-t-elle. Israël est très dépendant des échanges économiques. C'est du ressort du Conseil de l'Europe mais on ne l'utilise pas car il n'y a pas de volonté politique. » Et la députée de mettre à l'amende la bienveillance du Président français et de son ministre des affaires étrangères à l'égard de l'État d'Israël.
« On pourrait organiser nous-même un boycott», propose une dame. Plusieurs associations oeuvrent déjà en ce sens.
En guise de conclusion Hélène Flautre a formulé une proposition à contre courant : accueillir en France des enfants israéliens. « Si Gaza est une prison à ciel ouvert, Israël est un hôpital psychiatrique à ciel ouvert. Il y existe une acceptation scandaleuse du bafouage des droits de l'Homme. Il faut redonner à ces jeunes des principes fondamentaux. »