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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 23:24
 
Troisième session - La mise en œuvre de la trame verte et bleue en France

 

SUITE Table ronde - Le rôle des activités humaines dans la mise en œuvre de la trame verte et bleue

 

Cent kilomètres de canaux ; l’armature de la trame verte et bleue de Lille Métropole

 

M. Slimane TIR, président de l’Espace Naturel Lille Métropole, ENLM

Merci. Je suis sommé et c’est avec plaisir que j’accepte cette sommation de faire une coupe claire dans mon propos pour vous dire plusieurs convictions qui fondent notre engagement.

La première - je vous parle en tant que politique et sous l’angle de l’action publique - est que la trame verte et bleue est une nécessité absolue pour nous d’aménagement du territoire. Je pense que, de ce point de vue-là, elle doit conjuguer du volontarisme mais également une traduction dans les documents d’urbanisme et vous verrez que, dans cette illustration dans la communauté urbaine de Lille, nous le faisons avec pragmatisme.

Dans notre agglomération la notion de trame verte et bleue est apparue dans les années 90 dans les cercles savants, dans les cercles d’écologistes, chez les urbanistes, à partir d’une situation de contexte repensée autrement en termes de prospective, quel avenir pour la communauté urbaine dans une agglomération très minérale, qui se désindustrialise et qui se repense à moyen terme autour de la tertiarisation de ses activités.

Nous avons eu là une convergence qui a culturellement émergée entre les différents acteurs qui se disent que, finalement, le manque de nature, le manque d’espaces verts devient un handicap économique dans la compétition internationale et qu’au fond, notre problème à nous, élus de sensibilité écologiste, est de faire en sorte que cette motivation, soit un point d’appui, comme nous le verrons avec le monde agricole, pour rendre une métropole beaucoup plus verte, une métropole beaucoup plus respectueuse de son environnement.

Comment cela se traduit-il ? Schéma directeur de développement et d’urbanisme, débats multiples, variés, intenses qui produisent un objectif général sur lequel il y a un consensus 10 000 hectares d’espaces de nature à l’horizon 2015. C’est une première étape fondamentale !

Nous finissons par traduire cet objectif qui correspond en gros à un huitième de la superficie de l’agglomération dans des documents beaucoup plus précis : un schéma directeur vert, validé en 2002, plus un outil opérationnel qui est le syndicat que je préside prenant la succession de Pierre MAUROY, un peu le bras séculier de cette politique.

Ce sont sept syndicats qui acceptent de se faire « hara-kiri » pour dire qu’ensemble nous serons plus forts et mobiliserons des moyens qui permettront de faire en sorte que cet objectif de valorisation de la nature en ville et en péri-urbain - soit effectivement porté avec énergie, avec un effet de levier nettement plus important autour d’une série d’objectifs que nous allons négocier et sur lesquels nous aboutissons en 2004, l’objectif Métropole verte, par une négociation avec l’État, le Conseil Régional Nord Pas de Calais et le Conseil Général du Nord.




Notre idée est relativement simple : il s’agit de créer autour d’une agglomération particulièrement dense, minérale, (nous avons des villes particulièrement minérales ici dans le Nord, à peu près 1 100 000 habitants), un chapelet de parcs, d’espaces de nature à protéger autour des vallées, la vallée de la Lys, la vallée de La Marque supérieure, la vallée de la Deûle, qui sont plus ou moins des canaux qui ont été artificialisés, créer donc ce chapelet d’espaces et mettre en œuvre une trame verte et bleue qui s’appuie sur 120 kilomètres de canaux, les anciennes voies ferrées pour relier ce chapelet de parcs entre eux et la ville. Ils participent à la reconquête d’espaces en milieu urbain : friches industrielles, terrains de dépôt des voies navigables, délaissés de grande infrastructure autour desquels à partir des canaux, à partir de ces chemins de halage, nous donnons de l’épaisseur au domaine public fluvial.

Reconquête des terrains de dépôt de voies navigables parallèlement à la remise en navigation de la liaison Deûle Escaut sur lesquels nous réinventons en quelque sorte des paysages. Friches industrielles aussi qui ont été délaissées. Avec Rhodia PCUK du côté de Wattrelos, friche sur laquelle nous avons un grand projet qui avance, de restructuration, de création d’un parc de 40 hectares, pas un no man’s land, mais véritablement fondé sur une approche de traitement des pollutions plus une mise à disposition du public.

C’est l’idée au fond que la communauté urbaine, nos villes doivent créer les conditions dans leur politique d’urbanisme, dans les plans locaux d’urbanisme, pour faire en sorte que la nature, qui a repris ses droits sur ces espaces, soit valorisée mais également articulée avec ce que j’appelle les trames vertes infra-urbaines, c’est à dire communales. Et donc de ce point de vue-là, j’ai un désaccord manifeste, vous le comprenez bien, avec un certain nombre d’interlocuteurs qui ont évoqué tout à l’heure finalement simplement le contrat comme mode d’action.

Je veux également dire, puisqu’il faut être rapide dans ses énoncés, que la politique de trame verte et bleue que nous conduisons sur la communauté urbaine de Lille est aussi un outil de lutte contre l’étalement urbain. C’est aussi un outil de protection des zones et des espaces agricole périurbains.

À titre d’illustration, sur une plaine agricole de 240 hectares sur lesquels il y avait des velléités extrêmement importantes, par mitage, d’ urbanisation au sud de la métropole, nous avons créé les conditions pour qu’elle soit clairement protégée et affectée à l’activité agricole, mais également dans un compromis par le haut, avec le monde agricole, nous avons négocié les conditions pour qu’elle soit également ouverte à la population en reprenant et en aménageant 25 kilomètres d’itinéraires, en reboisant partiellement cette plaine agricole, en apportant de la biodiversité par des plantations de haies et en participant nous-mêmes également à la valorisation du maintien de l’activité agricole par des subventions directes à la promotion des circuits dans les fermes.

Ce sont ces compromis-là que nous essayons d’organiser sur la métropole avec des milieux économiques ou des groupes d’intérêt qui manifestement ont des intérêts qui sont contradictoires mais c’est, comme il l’a été dit, par le débat que nous pouvons arriver effectivement à ce type de solution.

Donc vous le voyez, nous négocions cet enjeu de trame verte urbaine en permanence parce qu’il se traduit très concrètement sur des territoires avec un certain nombre d’acteurs. J’ai évoqué les agriculteurs, nous pouvons parler effectivement de la promotion privée, des secteurs de la construction.

Et cela pose une autre question dans cette logique d’aménagement et d’urbanisme, à savoir la conception que nous avons de la ville du XXI° siècle. Quelle ville voulons-nous préparer pour nos enfants dans les prochaines années ? Quel rôle et quelle place donnons-nous collectivement en tant que politiques, en tant qu’acteurs sociaux, en tant que militants associatifs, à la biodiversité dans nos villes ?



J’ai la conviction que cette ville doit être une ville dense et c’est une conviction que je partage par ailleurs avec beaucoup d’acteurs au niveau européen au travers de FEDENATUR.

En 2050, nous aurons 75 % de la population mondiale qui sera dans les centres urbains. Nous considérons avec Barcelone, avec Milan, avec Bruxelles, et d’autres encore, que l’avenir de la biodiversité va se jouer dans les villes et avec les populations des villes.

Et donc l’enjeu culturel auquel nous sommes confrontés est bien celui de créer les conditions d’une mobilisation collective de nos populations ; nous le mesurons à l’espace Naturel métropolitain par l’ensemble des initiatives que nous prenons, mais aussi par des sondages d’opinion que nous faisons tous les 2 ou 3 ans. Nous avons bien vu ce glissement culturel des comportements et des attitudes. Des usagers qui, au début des années 2000, voulaient tout simplement aller se balader le dimanche en famille, faire un petit repas et prendre un bol d’air sont aujourd’hui plus conscients de leur rôle : 70 ou 75 % disent : « Effectivement la nature est notre enjeu à nous, adultes comme jeunes, et nous voulons être acteurs de cette protection mais aussi du développement de la nature en ville. ».

Ce sont des transformations culturelles que nous suivons aussi, que nous incitons. Nous le faisons par un lien permanent avec le monde associatif puisque nous passons des conventions avec plus de 200 associations environnementalistes, écologistes et sportives sur le territoire de l’agglomération pour faire en sorte que la politique que nous portons puisse par capillarité et par interaction être relayée, conduite et diffusée au plus près des populations.

C’est dans cette dynamique-là que nous avons travaillé à définir un premier horizon aux alentours de 2 500 hectares d’espaces de nature à préserver, à défendre, s’arque bouter au fond sur une logique, une stratégie défensive certes, mais aussi dans ce nouveau mandat faire en sorte que cette politique puisse donner des perspectives concrètes puisque nous avons très clairement identifié 2 500 hectares dans la vallée de la Marque, dans la vallée de la Lys, et d’autres parties du territoire, dans une stratégie métropolitaine, mais également internationale puisqu’elle est transfrontalière, de protection de zones inondables, de prairies inondables, de zones écologiquement significatives et intéressantes, bien que nous n’ayons pas de zones Natura 2000 dans notre secteur.

Nous sommes engagés dans une logique de protection volontariste des sites, des espaces, des parcelles, dont nous considérons qu’ils sont particulièrement menacés. Les 2 500 hectares du futur espace naturel métropolitain, cet horizon de 5 000 hectares que nous nous donnons à la fin de ce mandat à l’horizon 2014, sont d’abord structurés par la logique de l’intérêt floristique et faunistique et également par la logique de la menace. Quelles sont les parcelles, quels sont les sites qui sont particulièrement menacés par l’étalement urbain ? Quels sont ceux qui sont menacés par des pratiques agricoles qui ne sont pas acceptables ou par la pression des citadins (immobilier, loisirs) ?  C’est cette identification cette négociation que nous menons avec tous les acteurs qui nous permettront de faire, avec volontarisme, cette politique sur laquelle nous mobilisons en moyenne 15 millions € au titre de la communauté urbaine, (en moyenne 1 % de notre budget).

Je voulais juste conclure d’un mot : j’ai essayé de vous faire comprendre à quel point nous souhaitions, et nous voulions, dans cet objectif métropole verte, développer une politique qui soit intégrée du point de vue de l’analyse des situations mais également de la conduite collective des projets en n’hésitant pas et en assumant clairement nos désaccords de méthode ou de choix avec un certain nombre d’acteurs et ces contradictions.

Nous les avons devant nous et nous les aurons de plus en plus devant nous dans un contexte économique qui a forcément changé et qui nous amènera à d’autres mobilisations.

Il nous faudra les assumer en toute transparence et avec volontarisme.

Merci.

 

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