Le 10 Mai, fut la journeé de commemoration de l' esclavage en France, instaurée par la loi TAUBIRA.
Occasion pour moi, en ce mois particulier de rendre un hommage à Joseph Boubacar NDIAYE, disparu il y a 3 mois, conservateur de la Maison des Esclaves de l' île de GOREE.
Je l' avais rentré lors d' un déplacement au Sénégal, il y a quelques années. Toutes affaires cessantes, il avait accepté de nous consacrer quelques heures pour nous recevoir et nous raconter sans aucune haine l' histoire de cette inhumaine pratique qui a décimé l' Afrique de l' Ouest et qui restera comme une tache indélébille dans l' histoire de l' humanité.
Des villes françaises qui ont fondé leur richesse sur " le commerce triangulaire " des esclaves, s' engagent désormais même modestement , non sur la voie d' une quelconque repentance, mais sur celle de la reconnaissance de leur passé négrier et esclavagiste, comme Bordeaux et surtout Nantes.
C'est faire preuve d' attachement aux valeurs humanistes et d' égalité que de s' appliquer à soi, les mêmes exigences que l' on a envers d' autres, comme celles de la nation française à l' égard de l' Allemagne.
Joseph Boubacar Ndiaye a disparu, le vendredi 6 février 2009 à l'âge de 87 ans.
Moins médiatisé que Léopold Sédar Senghor ou Aimé Césaire, ardents défenseurs de la négritude, il n'en est pas moins un personnage mondialement connu pour son rôle de fondateur, conservateur et gardien de la mémoire de la maison des esclaves de l'île de Gorée, au Sénégal.
Des centaines de milliers d'afro-américains, des États-Unis, de la Caraïbe, du Brésil, viennent chaque année visiter l'île de Gorée, un des principaux points de départ de la traite négrière aux XVIIe et XVIIe, pour retrouver leurs racines anciennes. Chacun a donc pu rencontrer ce personnage atypique qui en a été le guide et la mémoire pendant plus de 40 ans.
Joseph a d'abord travaillé dans l'imprimerie, avant d'être mobilisé par l'armée française en 1943 dans une unité de tirailleurs sénégalais de la 9eme DIC, il participe à la bataille du Mont Cassin en Italie et à libération de la France. Il a aussi servi par la suite en Extrême-Orient, en tant que sous-officier à la 1ere Brigade de commandos parachutistes coloniaux pendant la campagne d'Indochine, il participa à la bataille de Dien Bien Phu sous les ordres du Ltd-Col Bigeard.
Démobilisé, il se lance dans le commerce sans grand succès, en 1964 le tout jeune gouvernement du Sénégal lui demande de créer un musée chargé de conserver la mémoire des anciens délocalisés par force, devenus esclaves dans le Nouveau Monde, il assumera cette nouvelle charge de gardien de la mémoire de Gorée, avec conscience et zèle jusqu'à sa mort. C'est grâce à sa détermination que fut restaurée la Maison de Gorée par l'Unesco en 1990, inscrite au patrimoine mondial en 1978.