Avec 36,46 % des suffrages et plus de 4 500 voix d'avance sur Slimane Tir, Dominique Baert est le mieux placé pour l'emporter. Une victoire du député sortant, « dissident » qui se défend de l'être face au « légitime » investi par l'accord PS-Verts, qualifié « ric-rac » devant la candidate du FN ? Dominique Baert, dimanche, avait un autre scénario et appelait son opposant Vert à se retirer. Demande dénuée de tout fondement ?
Pas si certain. Hier matin, Martine Aubry livrait son sentiment et rappelait la règle. « Nous devons nous désister pour le candidat de gauche le mieux placé. Quand on est de gauche, on ne va pas essayer de battre une camarade avec les voix de la droite. » Elle parlait d'« une » camarade, en l'occurrence de Ségolène Royal, qui dans la 1re circonscription de Charente-Maritime est opposée à Olivier Falorni, exclu du PS. N'est-on pas dans le même cas de figure à Roubaix et Wattrelos ? Gilles Pargneaux, secrétaire départemental du Parti socialiste, assure que les situations n'ont rien à voir ! « Slimane Tir est le seul candidat soutenu par le président de la République et par le Premier ministre. La "jurisprudence" Aubry est que lorsqu'un dissident est en concurrence avec un candidat officiel, il doit se retirer. » Étrange. Gilles Pargneaux n'ôte pas à Dominique Baert son statut d'homme de gauche, admet qu'il est arrivé devant « par son ancrage en tant que maire de Wattrelos ». Mais pour le désistement, ce qui serait vrai dans un sens ne le serait pas dans l'autre ? Manifestement. « Nous avons été qualifiés pour le second tour, nous irons jusqu'au bout. On ne peut pas se présenter comme le candidat de la majorité quand on n'a pas souhaité appliquer la règle collective, assumée par l'ensemble des socialistes du Nord et de la France. » À quelques exceptions près quand même.
« Si Dominique Baert avait été opposé à la droite ou à l'extrême droite, nous aurions pris nos responsabilités et appelé à voter pour lui. » D'ailleurs, avec beaucoup de « si », Gilles Pargneaux trouve une justification à tout. « Si la participation avait été la même à Roubaix qu'à Wattrelos, Slimane Tir aurait été devant Dominique Baert », comme le prédisait le fameux et controversé sondage commandé par le PS. Et puis, « si Dominique Baert ne s'était pas présenté, Slimane Tir aurait été élu dès le premier tour ».
Sauf qu'avec des « si », et ce fut envisagé jusqu'à ce que les résultats de Roubaix ne viennent inverser la donne, on aurait aussi pu voir le FN s'inviter au bal. Qu'en pense sa candidate, Françoise Coolzaet ? « On aurait pu éliminer Slimane Tir et faire un second tour intéressant.
Quant aux consignes de vote, c'est aux électeurs de choisir entre la gauche et la gauche, la peste ou le choléra. Baert ou Tir, je m'en fiche. Mais concernant Slimane Tir, il y a son arrogance, le soutien reçu d'Aubry et de Duflot. Et puis il incarne ce que nous combattons depuis toujours : le communautarisme dévoyé. » Imaginons que l'abstention reste aussi dramatique à Roubaix, que Wattrelos vote encore massivement pour son maire, que Slimane Tir ne bénéficie d'aucun report de voix de droite, le soufflet politique retombera-t-il dans cette partie de la métropole ? « S'il est élu, Dominique Baert sera un député de gauche qui poursuivra son aventure personnelle. Quel que soit le résultat, il ne sera pas réintégré », prévient Gilles Pargneaux, qui annonce déjà la guerre de succession. « Nous reconstruirons le PS en dehors de lui à Wattrelos. » Où Dominique Baert a dépassé 52 %.
PAR MARC GROSCLAUDE