Le conseil municipal de Roubaix se réunit ce soir à 18 h 30 pour adopter le budget et voter les taux d'imposition 2010. L'attitude des Verts, opposants municipaux mais alliés du PS à la Région, sera observée de très près.
A Roubaix, on ne fait rien comme ailleurs. Lorsqu'en 2008, au terme d'un septennat municipal chaotique, René Vandierendonck décida d'écarter les Verts de sa future équipe municipale, il n'imaginait sans doute pas les voir revenir si vite dans le costume d'alliés régionaux.
C'est pourtant à cet exercice qui confine à la schizophrénie politique que le maire de Roubaix doit faire face : les Verts qui siègent au conseil municipal et s'opposent régulièrement aux décisions qui y sont votées, sont désormais les meilleurs alliés de la majorité pour défendre les dossiers portés par la ville au conseil régional.
Et, depuis deux semaines, René Vandierendonck n'hésite pas à donner du « mes amis Verts » à chacune de ses sorties publiques.
Slimane Tir, chef de file des Verts, ne cache d'ailleurs pas sa satisfaction depuis l'installation du nouveau conseil régional : « Les deux vice-présidentes roubaisiennes du conseil régional sont issues de la liste Europe écologie, ce qui nous donne la légitimité pour peser sur les choix des deux assemblées. » Mieux encore, les Verts de Roubaix peuvent jouer sur les deux tableaux puisque Myriam Cau (vice-présidente au développement durable et à la démocratie participative) siège au conseil municipal alors que Majdouline Sbaï (vice-présidente à la citoyenneté et aux relations internationales) n'y siège pas.
Difficile de ne pas voir dans cette nouvelle redistribution des cartes régionales une forme d'échec pour le maire de Roubaix. En poussant Assya Guettaf vers les sommets de la liste régionale d'union de la gauche, René Vandierendonck espérait sans doute pouvoir lui transmettre le flambeau d'une vice-présidence.
Il avait d'ailleurs clairement exprimé cette ambition au soir du second tour. Dotée d'une vice-présidence régionale, Assya Guettaf aurait assis sa légitimité pour faire partie des successeurs potentiels du maire de Roubaix... Privée de cette aura, elle est renvoyée au rang de jeune pousse prometteuse du PS local. Un régime de douche écossaise qu'a connu, avant elle, Fanny Bullaert.
Derrière cette lutte de position, c'est bien la succession de René Vandierendonck qui est en jeu. Les rumeurs vont bon train sur un possible départ du maire de Roubaix avant la fin du mandat. Ce dernier n'y a pas réellement mis fin en déclarant au soir du second tour des régionales qu'il resterait « élu à Roubaix jusqu'à la fin du mandat ». Elu... pas maire. En perte de vitesse régionale, René Vandierendonck pourra-t-il encore longtemps réfréner les ardeurs des nombreux prétendants à sa succession ?
D'autant qu'il n'est pas certain que la large majorité, du centre-droit à l'extrême gauche, concoctée par le maire en 2008 résiste à un changement de chef.
Les centristes du MoDem, les membres du groupe apolitique Société civile pourraient à terme se laisser tenter par la renaissance annoncée d'un grand parti centriste sur les ruines de l'UDF. Des hypothèses qui, dans tous les cas, renforceraient la position des Verts devenus des partenaires incontournables au sein du conseil de Roubaix.
Bien sûr, pour l'heure, on n'en est qu'au stade des hypothèses. Mais une chose est sûre, d'ores et déjà, c'est qu'avec le nouvel exécutif, Roubaix a perdu de son influence à la Région. Un recul fort ennuyeux quand on connaît le poids des financements régionaux au sein des projets roubaisiens. •
commenter cet article …