Dans sa déclaration du 14 Juillet,Eva Joly a rendu hommage aux soldats morts en Afghanistan et à leurs familles, même si cet engagement est criticable, puis s'est interrogé sur le sens à donner à ce moment emblématique de la Nation.
Faudrait il interdire à une candidate déclarée à la présidence de la République d'exprimer une opinion, un avis, des propositions et s'interroger sur ce moment si particulier de la commémoration nationale, mais aussi sur le type d' armée dont une nation devrait se doter, son rôle et son usage, son mode de recrutement, son lien avec le "peuple", au moment même où ces questions secouent les états majors en France?
Ne dispose t elle pas comme n'importe quel citoyen de la légitimité à le faire ?
La virulence des attaques "ad hominem " ( ad feminem, devrais je écrire ), dont elle a été la cible m 'avait conduit à faire paraître deux brefs billets
de contribution sur Facebook.
Leur persistance, y compris sur le plan local me conduit à les mettre en ligne sur ce blog, en espérant que ça aidera juste à modérer et tempérer les ardeurs partisanes et à laisser ce débat se dérouler sur des bases moins hystériques.
Slimane TIR
Drakkar d' Abidjan ( samedi 16 Juillet 2011)
Eva a fait une omelette norvegienne en ce 14 juillet.
Le débat est ouvert sur le sens qu il faut désormais lui donner dans notre République, en occupant aussi un terrain patriotique qui ne doit pas être laissé à l'extrème droite ou à la droite extrème.
François Fillon qui se découvre chef de guerre présidentielle ose mettre en cause avec virulence sa "francité" à Abidjan, sans gêne, devant Alassane Ouattara, président élu à l'issue d' une guerre civile sanglante et d' une élection gagnée face à Laurent Gbagbo, socialiste converti au despotisme, qui avait inventé le concept "d Ivoirité" afin de l éliminer de la course présidentielle.
Fondé sur des critères ethniques, il visait à empêcher Ouattara, originaire du Nord et musulman, de se présenter.
Les ivoiriens connaissent malheureusement la suite.
Après Sarko et son "fameux" discours de Dakar( et non Drakkar ), voici Fillon et sa "pureté nationale" d' Abidjan.
La mémoire plutôt que la commémoration,( dimanche 17 juillet 2011)
François Fillon le 14 juillet à Abidjan à propos d' Eva Joly : «Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française,
de l'histoire française et des valeurs françaises»..
Quelques rappels nécessaires , avec la complicité de Wikipédia.
L'ivoirité est un concept visant à définir la nationalité ivoirienne dans un processus de démocratisation et d'unification nationale d’une société en manque d'imaginaire "globalement national".
Il s'appuie sur des notions culturelles et vise à promouvoir les cultures et productions nationales.
Le concept d'ivoirité est apparu en 1945 à Dakar, avec des étudiants ivoiriens.
Il réapparaît avec Henri Konan Bédié dans les années 90, dans un contexte de reprise économique.
L'ivoirité se manifeste par des appels à l'élan national via des spots publicitaires (radio, affichage public, télévision et journaux de presse) avec un slogan simple :
"Consommons ivoirien" le message se veut clair et simple.
Le mot est employé d'abord par le président Henri Konan Bédié en 1993. Il en fait un usage plutôt libéral, en faisant un projet d'identité culturelle commune
pour les 60 ethnies composant la Côte d'Ivoire. ( une population cosmopolite du point de vue culturel et ethnique : au recensement de 1998, elle compte 26% d'étrangers ).
Repris par ses adversaires politiques, ce concept est bientôt imprégné d'idées nationalistes et xénophobes.
Des campagnes de presse ont ainsi imposé ce concept, qui conduit notamment à l'élimination du candidat du nord de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara.
Ce rejet de Ouattara est facilité par le contexte de "méfiance identitaire". À une différence ethnique, s'ajoute une différence de religion : les Ivoiriens du nord, musulmans, sont soupçonnés d'être de mauvais Ivoiriens....
Il aboutit à un sentiment d'exclusion des populations du nord, notamment les Malinkés dont les patronymes ont le plus facilement une consonance étrangère, alors qu'une part importante des travailleurs immigrés, protégés par Houphouët-Boigny, avaient bénéficié des distributions généreuses de cartes d’identité ivoiriennes.
Cette notion d'ivoirité a été dénoncée par la Fédération internationale des ligues des Droits de l'Homme, comme étant à la base d'un « système xénophobe ».
Elle a dénoncé également la loi sur la nationalité et la loi foncière, qui violent selon elle les droits civils, politiques, économiques et sociaux protégés par les pactes de l'ONU.
Certains auteurs le rapprochent du concept de préférence nationale.....