Publié le lundi 08 mars 2010 à 06h00
Gilles Pargneaux et Rudy Elegeest, maires d'Hellemmes et de Mons-en-Baroeul, s'associent à l'association monsoise AMIFA pour défendre l'apprentissage des langues minoritaires - dont l'arabe - à l'école. Peu d'établissements le font, disent-ils.
Un chiffre d'abord : 42 %. C'est le pourcentage d'établissements, dans l'académie de Lille, qui proposent l'enseignement de l'arabe. Le plus souvent, cet apprentissage est relégué en LV3, comme une troisième langue que l'élève peut apprendre après deux autres.
À l'heure où se poursuit le débat sur l'identité nationale, Gilles Pargneaux, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste et député européen, par ailleurs maire d'Hellemmes, a réaffirmé la nécessité de mieux reconnaître les langues et cultures minoritaires en France et en Europe : « Redonner leur place à ces langues, dont l'arabe, est une condition du mieux vivre-ensemble ».
L'élu soutient l'Association monsoise pour l'insertion et l'alphabétisation (AMIFA), qui organise un deuxième colloque international, les 16 et 17 avril prochains. Rassemblant universitaires, politiques et institutionnels, il portera sur la question de la place des langues et cultures minoritaires.
Comme l'explique, Abdelhamid Belhaj, président de l'AMIFA : « c'est une question qui engage notre avenir : elle concerne notre système éducatif, nos relations avec nos partenaires européens et avec le monde arabe ».
D'autres élus soutiennent cette démarche. À commencer par Rudy Elegeest, maire de Mons-en-Baroeul, qui refuse d'ailleurs que ces réflexions soient confondues avec celles sur l'identité nationale : « Il est nécessaire de prendre du recul par rapport à l'actualité et de rechercher l'objectivité ». Persuadé qu'il y a contradiction entre l'égalité théorique des citoyens prôné par la République, et une réalité faite d'exclusions et d'inégalités « concentrées dans les mêmes quartiers », Rudy Elegeest a insisté sur le fait que « toutes les initiatives pour mieux se connaître doivent être encouragées ». À ses côtés, Slimane Tir, vice-président de LMCU et élu roubaisien, a lui aussi exprimé son soutien « pour faire de ces langues de culture, d'affect et de civilisation un atout collectif ».
Langue de ghetto ?
Refusant de faire de l'arabe « une langue de ghetto » et de « remédier à cette situation catastrophique » , les acteurs de cette démarche ont expliqué avoir envoyé des courriers au gouvernement et aux élus régionaux, notamment. « Mais on nous répond que les chefs d'établissement et le rectorat sont réticents. Les langues minoritaires sont toujours reléguées en LV3... », regrette Abdelhamid Belhaj. À ce jour, dans l'académie, c'est le lycée privé musulman Averroès, à Lille, qui compte le plus d'élèves apprenant l'arabe.