Malgré son retard de plus de 4 500 voix au 1er tour, le candidat officiel du PS et d'Europe Écologie-Les Verts, Slimane Tir, continue de croire qu'il sera élu dimanche prochain. Dans les quartiers, il place le débat sur le terrain des valeurs.
MARJORIE DUPONCHEL > marjorie.duponchel@nordeclair.fr
Rue Lamartine dans le quartier wattrelosien de la Martinoire, Slimane Tir et sa suppléante Hélène Declercq-Fassiaux sont en terrain ami. C'est dans ce quartier que le candidat soutenu par les appareils politiques a fait l'un de ses plus hauts scores à Wattrelos (60 voix soit 14,21%) et c'est là que vit la famille Fassiaux. La population d'origine maghrébine y est aussi très forte. Les portes s'ouvrent donc sur des visages plutôt souriants en cet après-midi ensoleillé. Pendu à son téléphone portable, le candidat Tir tente de répondre aux nombreuses sollicitations de la presse, et fait signe aux habitants curieux de l'animation, tandis que ses soutiens distribuent les tracts.
De temps en temps, il prend le temps de serrer les mains et de préciser dans la foulée : « Vous savez que je suis sur la liste noire de Marine Le Pen ? Elle soutient mon adversaire qui a été exclu du parti socialiste. » Beaucoup avouent ne pas être allé voter dimanche dernier, ou avoir voté « pour le maire, comme d'habitude... » Mais là, c'est sûr, ils feront le déplacement et ne se tromperont pas de bulletin. « Cette campagne se joue sur le terrain des valeurs, affirme Slimane Tir. Dominique Baert est dans une aventure personnelle, et son suppléant a reconnu avoir voté pour Sarkozy en 2007. Les masques sont tombés. » Avec les soutiens affichés des figures socialistes roubaisiennes, Slimane Tir reste combatif et croit en ses chances : « Wattrelos a besoin d'un maire à temps plein, les gens l'ont d'ailleurs montré en votant largement pour lui dimanche dernier. Cette fois, ils ont l'occasion de montrer qu'ils ne sont ni racistes, ni idiots. »
Les ténors socialistes
en soutien
Un habitant abonde dans ce sens et regrette que les politiques courent souvent après les postes : « Je ne fais pas de politique, mais j'écoute ce qui se dit pour comprendre. Je pense qu'il faut un mandat pour un travail, comme pour tout le monde. » Le lendemain à Roubaix, du côté de la place du Travail, le candidat officiel de la gauche est toujours pendu au téléphone. Il peut compter sur les ténors locaux pour faire sa pub : René Vandierendonck, Pierre Dubois, Renaud Tardy et quelques autres se chargent de sonner aux portes et de vendre la camelote. Patrick Kanner, président du Conseil général, sera dans le quartier de la Mousserie à Wattrelos ce jeudi.
Et des visages connus pour distribuer des tracts, ça marche plutôt bien, à quelques exceptions près : « Je ne comprends pas ce que vous faîtes, lance une dame à René Vandierendonck. Je travaille à l'hôpital et je sais ce que M. Baert a fait pour nous. Et M. Tir était dans l'opposition, non ? » Avec empressement, l'ancien maire tente de la convaincre que le choix du PS est une question de valeurs, de respect des règles. Elle reconnaît finalement le candidat Slimane Tir qui lâche son téléphone pour lui expliquer qu'il est le seul candidat en capacité de défendre le projet de François Hollande. Elle n'a pas l'air convaincue. Plus loin, Pierre Dubois rappelle que la section socialiste de Wattrelos a voté contre un texte imposant la diversité et le non cumul de mandats en 2009, à l'appel de Dominique Baert.
Et quand les ténors sont partis et que l'on revient sur les pas du candidat, les habitants ont perdu leur sourire : « Entre la gauche et la droite, ça change pas vraiment notre quotidien, alors entre la gauche et la gauche... »w