( à l' angle de la rue de Leuze et Casimir Périer, panneau portant menaces d' amendes et injonctions morales sur une maison en ruine, délaissée depuis 25 ans )
La question de la propreté de Roubaix et de ses quartiers est devenue aujourd’hui une question éminemment politique, qui croise les frustrations et incompréhensions de nos concitoyens. Pourquoi est ce si sale ? Pourquoi n’agit-on pas ? Pourquoi tant d’incivilités ? L’image donnée nous renvoie à un statut social peu enviable, "hou là mais qui suis-je donc pour (dé)mériter de vivre ici ?"
L’abstention, la catastrophe démocratique de la ville de Roubaix aux dernières élections régionales peut-être aussi analysée au regard d’un fossé croissant entre des habitants et des institutions, au regard de la difficulté à assurer des services publics essentiels, au constat de formes d’impuissance collective.
Quand de plus un sentiment d’abandon rejoint une perception anxiogène de l’avenir (l’emploi, les
retraites, le pouvoir d’achat, l’éducation des enfants…) et un cadre de vie usé et triste dans certains de nos quartiers roubaisiens les plus dégradés, c’est globalement une forme de dépression sociale qui nous est témoignée. Ce sont en tout cas des réactions de repli très fortes, d’isolement et de démission citoyenne que nous avons constatées, en discutant avec les roubaisiens dans les quartiers. Parce que nous avons été élus nous avons un devoir de mobilisation, sur des questions du quotidien, qui traduisent un malaise social profond et interpellent notre crédibilité à savoir agir concrètement.
En Mars 2010, après la séquence de rencontres de terrain de la campagne des régionales, il a semblé essentiel au groupe des élus verts du conseil de poser avec force la question de la propreté.
Notre question inscrite à l’ordre du jour du Conseil Municipal de Mars a été reportée à celui du 6 mai, entre temps cela a permis – et c’est tant mieux – à la Ville de Roubaix d’établir un bilan et un plan d’action en faveur d’une reprise en main de la propreté sur la ville.
Avec Denise Bouchez, ancienne adjointe maire des quartiers nord et Tounès Rahim, élue municipale, j’ai rencontré le 1er Adjoint Pierre Dubois pour approfondir notre connaissance des moyens consacrés aujourd’hui à la propreté et des difficultés rencontrées.
Suite à cela, notre intervention au Conseil Municipal de ce mercredi 6 mai a consisté à émettre des propositions précises qui se veulent compléter les actions actuelles ou projetées de la municipalité. Il nous semble que cela correspond à des carences ou des insuffisances auxquelles il faut répondre. Nous avons conscience que cela ne ferme ni ne conclut ce sujet. La propreté, dimension très concrète d’un service public d’intérêt général ne peut résulter que de notre mobilisation collective, élus comme habitants.
Certains s'étonnent que l'opposition municipale écologiste et de gauche fasse des propositions, recherche des pistes d'action, y voyant une sorte de "rapprochement" entre adversaires, très franchement : on s'en moque , cela glisse comme la pluie sur les plumes du canard. Les Roubaisiens en ont assez, et nous aussi, on veut juste que cela bouge...
Vous trouverez en fin de texte nos 8 demandes et propositions d'intervention complémentaires, au regard des mesures déjà mises en oeuvre par la municipalité.
QUESTION ORALE « PROPRETE DES QUARTIERS » POSEE AU CONSEIL MUNICIPAL DU 6 MAI 2010
"Mr le Maire, la Ville de Roubaix vit sur le fil du rasoir, et sa vitalité est trompeuse face au sentiment de déclassement et d’abandon de beaucoup de nos concitoyens ; C’est une désagrégation du sentiment d’appartenance collective, un effacement du sens de la société organisée. Notre volonté publique et politique est devenue étrangère au quotidien de beaucoup d’habitants, dans la survie au jour ou le jour et de plus en plus isolés.
Nous avons tous fait du porte à porte pendant la campagne, nous connaissons nos quartiers, nous savons tous les urgences prioritaires que sont l’emploi et le logement. Mais quand l’emploi n’est pas là et que le repli s’opère, le quartier est le refuge du quotidien et le seul reflet de la réalité du monde face à un manque de perspectives. Et quand dans ce cadre de vie, on n’arrive pas à assurer le service public de la propreté et de la maintenance, alors on ne peut qu’acter le fossé d’incompréhension et de progression de l’indifférence. Et nous ce que nous avons vu dans la campagne, c’est une grave dégradation de la propreté.
Ce que l’on voit aujourd’hui dans les quartiers les plus populaires de cette Ville, au Pile, Au 3 Ponts et un peu partout ailleurs est insupportable dans sa banalité : ce sont les déchets, les ordures, les entassements en attente d’un ramassage, les papiers, plastiques, et débris de tout nature encapsulés dans des bas de haies, des pelouses de délaissés défoncées et jonchées, des bouts d’encombrants de ci de là, des plastiques dans les branches d’arbre.
Il n’est pas question de jeter l’opprobre sur la Ville ni sur ses services, mais de constater un problème. Nous connaissons les efforts réalisés par la Ville, la propreté urbaine, ICEO, Vivacité. Nous percevons la difficulté du travail des agents de propreté, leur possible découragement. Il faut être très attentif et à l’écoute de leurs conditions de travail des agents et les inclure dans la recherche de solutions adaptées. Mais ce problème met à mal la dignité des gens qui habitent dans ces quartiers, qui ne doivent pas être des quartiers de relégation.
L’absence de propreté et la dégradation va de pair avec cette perte de confiance entre les citoyens et les institutions. L’abstention traduit une part de cet défiance ou manque d’espoir qui devient une indifférence assumée à l’égard du politique. La qualité de la prise en compte des usagers, leur reconnaissance passe par ses questions de propreté. Le remarquable rapport du médiateur de la république Jean-Paul Delevoye nous alerte avec une grande justesse. « Le politique doit (re)faire la preuve de son efficacité ». Notre groupe est dans l’opposition, certes, mais nous ne nous lavons pas les mains de ce qui se passe en vous renvoyant à votre responsabilité. Nous sommes prêts à apporter notre pierre.
Comme notre Question orale devait être posée au précédent conseil, vous avez entre temps produit un rapport et un bilan, et déclenché un plan d’action.
Nous avons pu avoir suite à notre demande en commission muinicipale un entretien de travail avec P Dubois. En complément des actions envisagées, voici donc les propositions immédiates du groupe des Verts.
C’est là-dessus que nous aimerions que vous nous répondiez :
· Nous souhaitons la reprise en main et le nettoyage complet et régulier des grands terrains vagues du Pile,
- teinturerie
- Bd de Belfort / rue d’Estaing
- Rue Marceau à côté du centre social.
Cela suppose que la Ville se mobilise elle-même à travers la Propreté Urbaine et ICEO, et qu’elle obtienne des engagements de gestion précis de la SEM Ville Renouvelée, partiellement propriétaire ; dans la durée, il s’agit d’assurer sur ces terrains un dispositif de veille pour un nettoyage régulier et de qualité …
· Le renforcement de l’enveloppe budgétaire consacré à l’aménagement des délaissés urbains : il faut pouvoir avancer plus vite dans ces aménagements en concertés avec les habitants pour faire reculer le risque de dérapage vers des dépôts urbains…
· Le renforcement de l’équipe chargée de mener les procédures de constat et de verbalisation des incivilités et dégradations…
· Une campagne assidue et sans concession auprès des commerçants qui prennent leur trottoirs pour des annexes et décharges de leur activité, alors que d’autres commerçants eux sont tout à fait en règle et soucieux de l’image de la ville. Nous souhaitons un tableau de bord pour observer l’évolution de la situation.
· Un rappel à l’ordre politique et une démarche de travail portée politiquement à l’égard des bailleurs sociaux, notamment de LMH, face aux débordements inadmissibles constatés sur les 3 Ponts, avec des engagements de résultats sur la gestion de proximité…
· Il faut revoir la fonction de signalement et d’alerte, redynamiser les correspondants mais aussi mettre en place un système de tournée de contrôle par la ville qui participe d’un véritable dispositif de veille, car de fait les signalements ne sont pas forcément assurés par les seuls citoyens.
· Enfin, à l’égard de LMCU, la responsabilité est lourde : le non ramassage des sacs non conforme a atteint les limites de l’absurde. C’est pire qu’avant la mise en place du tri sélectif… il faut arrêter la bureaucratie et s’assurer du ramassage effectif.
· Nous souhaitons enfin que le plan d’action qui figure au rapport municipal soit soumis à discussion dans une approche inter-conseil de quartier et comité de quartier, pour être enrichi du regard des usagers et des propositions des différentes commissions cadre de vie.