Communiqué des élus Verts de Lille Métropole Communauté Urbaine
Lille, le 28 juillet 2010
Droits et devoirs des Gens du voyage français, européens : que chacun prenne ses responsabilités.
Les élus Verts de Lille Métropole Communauté Urbaine dénoncent avec une très grande fermeté la déclaration du Président de la République faite suite aux « problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms », annonçant l’expulsion de « tous les campements en situation irrégulière ».
M. Sarkozy donne en pâture à l’opinion publique la population rom et les Gens du voyage, proie toute trouvée censée guérir de ses maux une société française dépressive, lassée par les promesses non tenues de ses dirigeants.
En outre, l'amalgame entre les citoyens européens Roms migrants et les Gens du voyage français relève de la malhonnêteté intellectuelle puisque leur situation juridique est différente, même s'ils sont souvent victimes des mêmes discriminations.
En Europe, la population rom s’élève à plus de 10 millions de personnes à 90% sédentaires, représentant une très importante minorité, persécutées dans ses pays d’origines. Les Roms migrants - qui viennent principalement de Roumanie et de Bulgarie depuis 2007 (date de l'intégration de ces pays dans l'Europe) – sont contraints dans un sous-statut de citoyens européens : l'accès à l'emploi leur est rendu quasi impossible et ils n'ont pas droit aux prestations sociales. Ils ne peuvent vivre que dans des conditions déplorables, à la limite de l'humanité.
Des expulsions systématiques ont déjà lieu et démontrent leur inutilité : les familles reviennent quelques mois plus tard, dans des conditions similaires, voire plus dégradées et plus précaires.
Aux expulsions médiatiques inhumaines, nous préférons la mise en place de dispositifs et de modalités d'accueil digne. Avec seulement 250 familles rom représentant 1000 à 1200 personnes sur la métropole, si chacune des 85 communes, aidées financièrement par l’Etat, adhéraient au dispositif « village de l’insertion » dont une dizaine ont répondu positivement à ce jour, cela ne représenterait qu’un engagement à accueillir 3 familles par communes et le problème serait résolu.
En cette année 2010 de commémoration du génocide tsigane, ayant eu lieu lors de la seconde guerre mondiale, l’Europe n’a toujours pas reconnu l’existence de ce génocide! Nous appelons l’Union Européenne à faire respecter les droits de l’Homme (droit à l’habitat, à l’éducation, à l’emploi, la santé, lutte contre le racisme…) dans les pays qu’elle accepte en son sein, afin de promouvoir une réelle intégration des Roms dans leurs pays d’origine.
Quant aux gens du voyage, citoyens français dans leur quasi totalité, ce sont les victimes :
-de l’immobilisme des communes de plus de 5000 habitants devant créer une aire d’accueil ; seul 42% des places ont été créées sur le territoire national à ce jour,
-de l’inertie de l’Etat qui ne fait pas respecter les lois Louis Besson applicables depuis 20 ans et qui doit opposer son droit de réquisition de terrain pour l’aménagement d’aires d’accueil par le biais des préfectures dont la priorité va d’abord à la sécurité et la répression, plutôt qu’au respect de la légalité et la garantie de l’Etat de droit.
Sur la métropole, 28 communes sur les 40 obligées devant la loi ne sont toujours pas en règle avec le Schéma Départemental d’accueil des gens du voyage arrêté en préfecture le 20 novembre 2002. Sur les 1600 places préconisées par le schéma, il en reste un peu moins de 800 à réaliser, mettant les Gens du voyage dans des situations d’occupation de terrain contraintes et illégales.
Nous appelons solennellement chacune des 28 villes qui ne sont pas en règle depuis novembre 2002 à se conformer dans les meilleurs délais à la loi. Car, nous considérons que le respect de tous les citoyens est nécessaire dans l’action publique, de même que le respect des lois.
Il est temps que nous réinventions les utopies collectives de résistance à la politique du pire qui lance les Gens du voyage français, européens, à la vindicte populaire sur l’hôtel de l’insécurité.
Faut- il que nous en restions à l’époque de cette fable de La Fontaine dont la morale nous enseignait que « selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » ?
Les élus Verts LMCU dénoncent les exactions telles que celles de Saint-Aignan, et autant les violences faites à ces populations, parce que leurs droits ne sont pas respectés.
Slimane Tir,
Président du groupe des élus Verts LMCU
Malik Ifri,
Conseiller communautaire Vert LMCU