ROUBAIX / CUL-DE-FOUR
Portrait nature : les habitants s'accordent le droit de rêver
Publié le vendredi 02 avril 2010
Pour le moment, entre le canal et le Cul-de-Four, on ne peut pas dire que les liens étaient intenses. Ça pourrait changer car les habitants ont établi un « portrait nature ». Ils imaginent un avenir en vert et bleu.
DELPHINE TONNERRE > delphine.tonnerre@nordeclair.fr
La démarche. D'avril à novembre 2009, un portrait nature du canal de Roubaix a été réalisé, un projet porté par le comité de quartier du Cul de Four, animé par l'association Entrelianes. Rappelons que le canal a fait l'objet d'un gros programme de requalification, appelé Blue links. La fête de la remise en navigation en septembre a été un gros succès. Il faut encore patienter quelques mois avant que les bateaux puissent réellement l'emprunter, le temps que la liaison avec l'Escaut en Belgique puisse être assurée.
Le calendrier. La couverture du Riez de l'Espierre, qui longe le canal, est elle prévue en... 2015.
Bref, si les abords du canal ont déjà bien changé, il reste encore beaucoup à faire. L'aménagement du site Kulhmann à Wattrelos (« à terme 45 hectares de nature, a rappelé Slimane Tir, dont une trentaine ouverts dès cette année 2010 ») pourrait être un but de sortie. Autre enjeu, la transformation de l'ancienne voie ferrée (la fameuse trouée verte) doit permettre de relier des sites verts qui auraient entre eux une cohérence. Quant à la zone de l'Union (80 hectares, dont une quinzaine d'espaces verts), elle donnera aussi une toute autre image des abords du canal quand elle sera terminée.
Un portrait nature, c'est quoi ?
Il s'agit d'un état des lieux participatif : les habitants étaient invités à observer, repérer, noter, proposer. Après tout, ce sont eux les premiers utilisateurs de cet espace de nature de proximité. D'où l'intérêt de ne pas laisser uniquement les gestionnaires et les aménageurs, même si leurs financements et compétences sont indispensables, décider de tout.
Qu'est-ce qu'ils ont vu ? Pascaline Badezet, la présidente du comité de quartier, le reconnaît : « c'est comme si je n'avais jamais vu le canal avant. J'ai découvert des choses incroyables, que je ne soupçonnais pas du tout ! ». Un enthousiasme partagé : « on était bien, on était en vacances ! », clament les habitants, qui se sont pris au jeu. Au fil des cinq sorties sur les différents tronçons (de Wasquehal à Wattrelos), ils ont appris à apprécier les richesses de la faune et de la flore locale.
Puis ils ont donné leurs idées : « on a rêvé tout haut, on s'est lâchés ». Parmi leurs propositions : des jeux pour enfants, des chemins pour relier le parc du Lion au canal, un cheminement pour intégrer les jardins ouvriers...
Curiosités.
On apprend que sur le bassin qui borde la station du Grimonpont, des oiseaux ont élu domicile : des compagnies de canards et de cormorans. Sur le canal, on trouve une quinzaine d'espèces : des mouettes, des poules d'eau... Sur les bords du canal, les berges ont leur importance pour la flore : si elles sont « encaillassées », un substrat végétal permet que des plantes et roseaux y poussent. Impossible en revanche si les berges sont bétonnées ou en bois.
Le coup de gueule (1).
Il est venu de Slimane Tir, président de l'Espace Naturel Métropolitain, qui craint que « d'un parc de 15 hectares tel qu'il était prévu sur la zone de l'union, on arrive à un simple bassin de rétention avec un square ».
Le coup de gueule (2).
Jean-Jacques Fertelle, président du syndicat des pêcheurs de Roubaix-Tourcoing, est ravi de cet intérêt nouveau pour le canal. Mais il est aussi agacé : « on a l'air de redécouvrir ce canal, alors que nous les pêcheurs, l'eau du canal coule dans nos veines depuis des années ! On a élaboré un plan de gestion, qui a été rédigé par deux ingénieurs, pas par des clowns, et qui reprend déjà beaucoup de choses ! » . Et quand on lui répond que ce plan concerne surtout la pêche et les poissons, il n'est pas d'accord : « on a aussi notre avis sur les places de parking, les voies sur berges, la sécurité ! ». w