Je publie ci dessous le texte de l 'intervention de mon collègue Christian Carlier au Conseil Municipal du 15 Février 2012, au sujet du budget.
Nous étions évidemment attendus par les observateurs, journalistes et acteurs du microcosme sur notre position quant au vote du budget, acte essentiel dans la vie et la cohésion d' une majorité, alors que s' est ouverte une séquence nationale d' accords pour le changment aux sénatoriales et aux législatives.
Voici venu le moment de lever l'insoutenable suspense, l'autre insoutenable suspense de la soirée.
Mais que vont donc faire les élus du groupe « ouVERTement à gauche » à propos du budget 2012 ?
Il est traditionnel, et plutôt banal, de considérer le budget comme l'expression du projet politique de la majorité municipale et son vote comme la manifestation de son unité.
Qu'est ce qu'une majorité ?
Les Verts de Roubaix ont maintenant une longue expérience municipale.
En 1989 et en 1995, ils ont fait liste commune dés le 1er tour avec les forces de gauche, leur représentant a siégé pendant 2 mandats dans la minorité.
En 2001, ils ont fusionné entre les 2 tours avec l'autre liste de gauche, et je me souviens qu'elle était alors particulièrement sourcilleuse sur ce point, et ils ont participé à une aventure majoritaire.
Depuis 2008, ils n'appartiennent pas à la majorité.
Les Verts ont fait preuve de constance sur au moins 2 points.
D'abord dans leur ancrage à gauche et dans leur sens des responsabilités par rapport à cet ancrage.
Cela s'est vu en 89 et 95.
Les mutations sociales qui bouleversaient la ville donnaient de bien vilaines pensées à certains, les incertitudes de l’après Mitterrand faisaient vaciller les convictions de bien d'autres.
La facilité aurait peut être été alors de jouer perso et advienne que pourra de la gauche à Roubaix, ils ont fait alors liste commune.
Cela s'est aussi vu en 2001 où ils ont accepté une fusion qui n'était somme toute pas très équitable pour eux. Mais ce qui était susceptible de se passer à LMCU était important pour l'avenir de la gauche dans l'agglomération.
Nous savons que chacun, à Roubaix et ailleurs, fera preuve à l'avenir d'un tel sens des responsabilités.
Constance aussi dans l'affirmation de leur singularité écologiste et dans leur sens des responsabilités par rapport à cette singularité.
Singularité écologiste née dans l'expérience associative, professionnelle parfois, le terrain pour reprendre un mot galvaudé, expérience conduisant au constat que des valeurs comme démocratie, égalité, ne se traduisaient pas suffisamment en actes dans les politiques publiques.
Singularité développée, car comme le rappelait Eva JOLY, on ne naît pas écologiste, on le devient, par le constat que les crises financières, sociales, écologiques nous conduisent à l’abîme.
La responsabilité, c'est de ne pas accepter l’inacceptable, c'est aussi de refuser l'incantation, c'est de prendre les moyens pour que les choses changent dans le bon sens, en terme d'alliance, en terme de travail, ce qui est réalisé à LMCU et à la Région en atteste, comme ce qui a pu être fait à Roubaix de 2001 à 2008, certes dans la douleur.
Après 30 ans de Politique de la Ville, Roubaix est toujours sur le podium pour la pauvreté et les inégalités.
Tous les indicateurs écologiques passent au rouge et nous avons un président sortant qui n’arrête pas de proclamer que l'environnement, ça commence à bien faire.
C'est dire que des changements politiques s'imposent.
Il faut une expression écologique forte et autonome, c'est bien le sens de la candidature d'Eva Joly, il faut des accords pour travailler dans la rigueur, l'efficacité et le respect, c'est bien le sens de l'accord pour les législatives, après celui des sénatoriales.
Alors qu'est ce qu'une majorité municipale ?
C'est d'abord une liste qui se constitue et élabore son projet et son programme. C'est l'expression des électeurs, aussi, ne l'oublions pas.
Et une fois l'élection acquise, c'est un dispositif de travail qui doit mettre en œuvre le projet et aussi s'adapter aux évolutions et aux opportunités tout en tenant le cap.
A Roubaix, il y a une majorité, qui, de par sa volonté, s'est constitué sans les Verts, qui travaille, qui développe son projet qui n'était pas celui des Verts en 2008 et qui nous présente aujourd'hui son budget 2012, le fruit de son travail.
Et il y a un groupe minoritaire, ouVERTement à gauche, qui, et pour cause, n'a pas participé à ce travail.
La conclusion s'impose : nous ne faisons pas partie de la majorité municipale, nous n'avons pas participé à ce budget, nous ne participerons donc pas au vote.
Et je voudrais pour finir saluer Mme FRANCOIS qui, dans cette majorité qui n'est pas la mienne, s'est chargé d'une tâche toujours ingrate dans un environnement ingrat.
Christian CARLIER
15 février 2012