À l'initiative de France-Palestine solidarité, quelque 3 000 personnes ont défilé hier dans les rues de Lille jusqu'à la tombée de la nuit pour réclamer avec force l'arrêt de l'intervention armée d'Israël dans la bande de Gaza
SÉBASTIEN LEROY sebastien.leroy@nordeclair.fr
Le cortège, parti en début d'après-midi de la place de la République, n'a jamais faibli en intensité. Au contraire, au fil de la marche, les « Nous sommes tous Palestiniens », « Israël assassin, la France complice » ou « Palestine vivra, Palestine vaincra », ont même gagné en puissance sonore, à mesure que le défilé s'étoffait, jusqu'à atteindre les 3 000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre de jeunes. Dans la foule, des pancartes pour réclamer l'arrêt immédiat de l'opération militaire conduite par l'armée israélienne.
Beaucoup de drapeaux palestiniens aussi, et énormément de keffiehs, cette coiffe traditionnelle devenue emblème de la cause palestinienne.
En tête de cortège, Saïd crie à tue-tête. Venu de Roubaix, il participe, à 38 ans, à sa première manifestation. « Faut que ça s'arrête maintenant, c'est un massacre injuste, une guerre complètement disproportionnée ». Lui aussi réclame l'intervention de la communauté internationale, en particulier de l'Europe, pour que la paix s'installe au Proche-Orient. « Ca suffit maintenant les conneries de feuilles de route et tout ça, poursuit-il.
Ce qu'il faut c'est un partage équilibré. On nous dit que c'est le Hamas qui a tout déclenché. Mais si le Hamas est arrivé au pouvoir à Gaza, c'est parce qu'Israël affame le peuple ». « Aucun pays du monde n'accepterait d'être occupé comme l'est la Palestine », renchérit Mimoun. La colère est parfois telle que l'outrance et l'amalgame prennent le dessus, comme quand certains n'hésitent pas à comparer les colonies juives à l'occupation allemande.
Mireille Gabrelle, porte-Parole de France-Palestine, parle pour sa part de « barbarie » et réclame des sanctions contre Israël, « l'agresseur ». Et rappelle, comme Gérard Minet, représentant de la ligue des droits de l'homme, que « la création d'un État palestinien, avec la levée du blocus de Gaza, est une des conditions du retour à la paix. »
Le cortège comptait aussi des élus venus « en solidarité », tels la sénatrice PCF Michelle Demessine, ou encore les Verts Slimane Tir et Marie-Pierre Bresson. « Ce qui me vient à l'esprit, indique cette dernière, adjointe lilloise à la solidarité internationale, c'est cette citation d'un historien israélien modéré qui dit qu'on ne pactise qu'avec ses ennemis. Il faut à tout prix retrouver la voie du dialogue ».
Et devant, les excès des manifestants - des drapeaux frappés de l'étoile de David ont été brûlés - les élus ont appelé à la raison. Car ce que chacun craint maintenant, c'est l'importation du conflit et de nouvelles tensions entre communautés, comme lors du déclenchement de la deuxième intifada, en 2000. D'autres manifestations en France ont rassemblé entre 8 000 et 15 000 personnes à Lyon, Marseille, Nantes et Bordeaux. ; elles étaient 22 000 à Paris.