Conseil du 1er Juillet 2011
Délibération cadre
« Des friches industrielles polluées à la régénération urbaine »
Intervention du groupe Europe Ecologie-Les Verts
Bernard DESPIERRE
Madame la Présidente, cher(e)s collègues,
Moins de deux cent ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour la destruction de masse de notre sous sol métropolitain. Hier évitée, l’ampleur des pollutions de tous ordres est aujourd’hui avérée et incontestée. Les faits sont très clairement présentés dans le rapport de la Mission d’Information Friches et Sols Pollué adopté par notre assemblée il y a maintenant un an. Lors de l’assemblée communautaire du 25 juin 2010 nous avons décidé de prendre ce difficile sujet à « bras le corps » et de se doter des outils permettant de réparer les erreurs du passé.
Beaucoup d’éléments viennent d’être apportés par les orateurs précédents, je vais donc centrer mon court propos sur trois principales actions que mon groupe souhaite poursuivre à partir de cette délibération cadre :
· La connaissance et le porté à connaissance des projets de requalification de friches industrielles
· La place de la nature retrouvée à travers la régénération des friches
· La coproduction et l’émergence d’une pensée globale
Nous actons en premier lieu l’engagement du conseil de conditionner les futures modifications ou révisions simplifiées de PLU à la réalisation d’études de pollution et le fait que ces études devront être mises à disposition des habitants dans le cadre des enquêtes publiques. Cette décision est pour notre groupe une réelle avancée aux vues des dernières modifications adoptées par notre conseil, en particulier pour le cas de la friche Joveneaux à Wasquehal et du secteur des Ravennes à Bondues que nous contestons toujours.
Dans la poursuite d’une politique durable de requalification des friches, nous souhaitons insister sur l’importance de l’appropriation de ce guide élaboré avant tout à l’attention des maires de Lille Métropole. Dans un contexte de carence nationale, cette délibération cadre représente pour les maires l’occasion de bénéficier d’une expertise élaborée à l’échelle communautaire. L’avancée que représente ce guide est un élément pionnier qui nous était indispensable dans une intercommunalité comptant à elle seule 40%, des 50% de friches nationales, recensées pour la région Nord Pas de Calais.
Le but pour notre conseil de communauté n’est pas d’imposer la doctrine de Lille Métropole aux communes, il n’en a de toute façon pas les moyens juridiques. Il s’agit par contre d’assurer un échange permanent sur la thématique des friches industrielles, pour accompagner les communes lors d’instructions d’autorisations de construire :
-afin qu’elles aient en main toute les cartes à jouer face au potentiel foncier que représentent leurs friches pour les futurs aménagements,
-pour informer les citoyens des interventions municipales et communautaires sur le sujet
En second lieu, le retour de la nature et de la biodiversité en ville reste actuellement le parent pauvre des projets de requalification de friche de notre territoire en raison du coût que représente la nature par rapport au coût du foncier. Il peut être intéressant de noter ici que certaines friches sont déjà le théâtre de la reconquête spontané de la nature sur les milieux artificialisés, représentant une biodiversité exceptionnelle et parfois insolite à préserver. L’élaboration du plan stratégique de régénération des friches industrielles prévu par la présente délibération sera donc un outil de planification qui devra prendre en compte cette question.
Compte tenu de la difficulté pour capitaliser les expériences réussies et pour en imaginer de plus audacieuses, je propose qu’une attention particulière et résolue sur la régénérescence des éco systèmes urbains puisse se traduire dans les mois à venir par une étude spécifique dont nous pourrons définir les contours lors d’un prochain comité de pilotage.
Enfin, je souligner l’effort de coproduction et l’émergence d’une pensée globale mise en route par un soutien et un accompagnement ambitieux de la recherche-développement dans le domaine de la requalification des friches :
Notre groupe salue le principe de soutien à l’innovation et la recherche acté par cette délibération. Des chantiers sont déjà en cours sur notre territoire :
- le site Kuhlmann à Wattrelos requalifié en partenariat avec l’entreprise Rodia, dont le dossier a été porté par M. Tir et M. Pacaux.
- le site d’expérimentation offert à la recherche sur la dépollution des sols contaminés à la dioxine, en partenariat avec l’association Halluin 3R autour de l’ancien incinérateur d’Halluin, dont le dossier est porté par JL Deroo.
La régénération, les aménagements doivent trouver des débouchés économiques dans le recyclage des matériaux issus des techniques de dépollutions. L’objectif est d’atteindre un volume suffisant de matières premières recyclées pour donner une valeur financière à ce qui peut devenir un réel marché des matériaux.
La proposition de création d’un Groupement d’Intérêt Public est une réponse pertinente à la volonté affichée par l’ensemble de nos partenaires de pérenniser le travail engagé sur cette thématique centrée sur les sites et sols pollués.
C’est une avancée notoire vers une pensée globale sur la question de la réduction de toutes les pollutions dans notre métropole.
Et en complément de ce groupement d’intérêt publique, je propose que ce dispositif soit complété par l’engagement de notre EPCI à participer (avec les représentants de l’état, les industriels et des associations) à la définition et à la création du S3PI de la Métropole Lilloise – Secrétariat Permanent à la Prévention des Pollutions Industrielles –
Contrairement à ce qui existe depuis de nombreuses années sur d’autres territoires, l’agglomération lilloise n’est toujours pas dotée de cet important outil de régulation. J’ai été pendant de nombreuses années membre du S3PI de la Basse Seine, je peux ici attester de la pertinence de cette instance pour réduire efficacement toutes les pollutions.
Parce qu’il faut conclure je tiens, à vous signifier l'excellent climat qui a régné lors de l'élaboration de cette délibération cadre, de la richesse de nos échanges et de l'esprit constructif de l'ensemble des co-élaborateurs de celle ci.
Pour un sujet aussi complexe, là où d'autres collectivités auraient usé d'experts et de cabinets extérieurs, nous avons à LMCU, en intra, bénéficié de la qualité de l'expertise des services communautaires et au premier rang je veux citer Ludovic Demeyer et Christine Lafeuille, sous l'autorité de Mme la Directrice Générale des services.
Ce travail colossal n'aurait pu s'élaborer sans les questionnements avisés de Christian Decocq, la tutelle affutée de René Vandierendonck et les qualités de chef d'orchestre de Michel Pacaux. Alors continuons sur cette lancée, tout reste à faire ...